L A ville, pas du tout tranquille, c'est Marseille, qu'on aborde avec un long panoramique sous le soleil, des images de cartes postales. Bien sûr c'est moins Marseille qui intéresse le réalisateur de « Marius et Jeannette » que les Marseillais, dont il va nous présenter un échantillon sûrement pas représentatif mais évocateur des malheurs et des indifférences d'aujourd'hui. Des personnages qui ne se connaissent pas forcément, dont les destins vont se croiser dans la veine du film choral (représentée par Altman et, plus récemment, par Paul Michael Anderson avec « Magnolia »).
Voici Michèle, qui travaille la nuit à la criée aux poissons et doit le jour s'occuper de sa fille droguée et du bébé de celle-ci ; Paul, ancien docker devenu chauffeur de taxi (un clin d'oeil à un autre taxi marseillais, champion du box-office), qui va tous les dimanches déjeuner avec ses parents, militants communistes désabusés ; Viviane, la musicienne bourgeoise qui s'occupe de jeunes handicapés ; Gérard, aux troubles relations et au désespoir visible. Et aussi les militants d'extrême droite, l'intellectuel rabâcheur, l'ex-délinquant, les rapeurs, le jeune émigrant géorgien et quelques autres encore.
Autant de personnages pour qui tout va mal. Guédiguian accumule les rebondissements dramatiques pour mieux faire valoir ses révoltes. Par moments, on peut trouver que c'est vraiment trop de malheurs, trop de pédagogie gauchisante aussi. Les dialogues sont parfois trop didactiques, les situations trop caricaturales. Mais heureusement, ce qui l'emporte, c'est l'épaisseur humaine de ces êtres qui se débattent dans une réalité dont nul ne peut nier qu'elle est celle d'aujourd'hui - d'autant que le cinéaste s'inspire notamment d'affaires réelles, comme le meurtre d'un jeune Comorien par un colleur d'affiche du FN.
Une épaisseur et une vérité qui doivent aussi beaucoup aux acteurs qui, étant ceux de sa bande habituelle, sont sur la même longueur d'ondes que le cinéaste : Ariane Ascaride, bouleversante, Jean-Pierre Darroussin, à la fois pitoyable et ironique, Gérard Meylan, impressionnant, Jacques Boudet, Christine Bücher, Pascale Roberts...
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