Diagnostic de la diverticulite

Un scanner à chaque crise

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Publié le 22/11/2018
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scanner a chaque crise

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Crédit photo : PHANIE

Relativement fréquente dans les pays industrialisés, la diverticulose est un « état anatomique qui apparaît plutôt avec l’âge », souligne le Pr Véronique Vitton, gastro-entérologue dans le service d’hépato-gastro-entérologie et oncologie digestive de l’Hôpital Nord, à Marseille. La diverticulite, qui touche principalement le côlon sigmoïde chez les patients vivant en Occident, a fait l’objet en novembre 2017 de nouvelles recommandations de bonnes pratiques pour sa prise en charge de part de la Haute autorité de santé (HAS).

Appendicite à gauche

Selon l’instance sanitaire, « les signes cliniques associés [à la diverticulite sigmoïdienne aiguë] sont : douleurs de la fosse iliaque gauche, troubles du transit et fièvre, avec défense de la fosse iliaque gauche à la palpation ». De ce fait, « on parle souvent d’appendicite à gauche aux étudiants », indique le Pr Vitton. Des signes de complication grave (abcès, péritonite, fistule, sténose) peuvent également être associés, « mais de façon relativement rare », ajoute la gastro-entérologue. « En cas de fièvre, la prise de sang doit être systématique pour vérifier la présence d’un syndrome inflammatoire », fait remarquer le Pr Vitton, le bilan sanguin devant comporter un hémogramme et un dosage de la CRP et de la créatinine, selon la HAS.

Scanner systématique

Un scanner abdomino-pelvien doit ensuite être effectué et ce, « de façon systématique, même chez un patient ayant déjà eu plusieurs crises », insiste le Pr Vitton. D’après la HAS, en effet, « le diagnostic de diverticulite sigmoïdienne aiguë (…) ne peut pas être affirmé sur les seules données cliniques et biologiques » et « le scanner abdomino-pelvien est recommandé en première intention pour le diagnostic et la recherche de complications chez [le] patient ». Selon le Pr Vitton, « cela permet d’adapter le traitement en fonction des données recueillies ». Ainsi, « s’il s’agit d’une petite poussée inflammatoire, la prise en charge sera médicale et ambulatoire ; en cas de complications, elle pourra être d’emblée chirurgicale ou, tout au moins, impliquer une hospitalisation », ajoute la professionnelle. L’échographie abdominale, « n’est pas recommandée comme premier examen d’imagerie », précise la HAS, sauf « si le scanner abdomino-pelvien ne peut pas être obtenu ». L’abdomen sans préparation, le lavement opaque et l’imagerie par résonance magnétique ne sont également pas recommandés. Enfin, « il ne faut surtout pas faire de coloscopie car les risques de perforation sont majorés », insiste le Pr Vitton.

Récidives : une gestion impossible

« Avant la publication des nouvelles recommandations de la HAS, si un patient avait une diverticulite avant 50 ans, on considérait qu’il y avait un risque de récidive et on proposait une opération », indique la gastro-entérologue. « Ce n’est désormais plus le cas, précise la médecin, car on ne sait ni prévenir les récidives, ni déterminer s’il y en aura et combien il y en aura ». Enfin, la HAS souligne qu’en « l’absence d’argument scientifique, il n’est pas recommandé de proposer aux patients après une crise de diverticulite aiguë la prise de probiotique, d’antibiothérapie séquentielle ou de mésalazine ». Selon le Pr Vitton, pourtant : « en pratique nous sommes un certain nombre à le proposer aux patients car nous estimons qu’en modifiant légèrement la flore, en faisant des sortes de cycles de décontamination intestinale, nous pouvons peut-être réduire les risques de récidive ». Selon elle, « pour démontrer l’efficacité de ces traitements, il faudrait une étude sur un très grand nombre de patients, sur presque 10 ans, et tenter de déterminer le nombre de diverticulites ». Un projet très compliqué à mettre en œuvre, « et qui n’est même pas certain d’aboutir à des résultats exploitables », conclut-elle.

Stéphany Mocquery

Source : Le Quotidien du médecin: 9704