A DOPTER une vie active et adaptée au handicap respiratoire pour redonner une certaine autonomie au malade chronique, tel est l'objectif de la réhabilitation intensive en internat réalisée par le Dr Jacques Desplan. Le spécialiste explique la démarche d'une telle entreprise : « Ce séjour de réhabilitation fait rupture avec la vie quotidienne du malade en opérant un changement profond d'habitudes de vie par rapport au milieu familial, professionnel, social et médical habituel. Il va permettre à chaque patient de travailler sur ses ressources biopsychosociales afin de s'adapter de manière active et autonome à ses handicaps et traitements. »
De nouvelles stratégies d'adaptation
« Les affections chroniques, explique le Dr Jacques Desplan, conduisent les patients à subir des états variables qui vont provoquer brutalement et progressivement une invalidité les conduisant vers la mort. Cette évolution inéluctable vers le décès définit la spirale infernale. » L'analyse synoptique de cette spirale vécue par le malade chronique souligne l'aggravation progressive et irrémédiable de la maladie initiale, et l'apparition de maladies secondaires liées à des phénomènes biopathologiques (déconditionnement musculaire, troubles de la nutrition, diabète, troubles cardio-vasculaires, conduites addictives, telles que la prise de médicaments, d'alcool ou de tabac, etc.) ou psychosociaux (isolement social, familial, professionnel, stress et dépression, etc.).
Recréer une autre dynamique : la réhabilitation globale
« La réhabilitation doit mettre fin à cette cascade d'événements morbides et parfois mortels grâce à une action combinée, à la fois biophysiologique, psychosociale et éducative, conduite par une équipe pluridisciplinaire coordonnée et organisée », explique le Dr Desplan.
Sur le plan biophysiologique, le patient doit apprendre à optimiser l'utilisation des médicaments et des appareillages, maîtriser son souffle et son corps (kinésithérapie, rééducation...), retrouver une nutrition équilibrée ; le réentraînement à l'exercice personnalisé est un outil fondamental. Il se présente sous forme d'activités physiques et de sports adaptés qui doivent être conviviaux et sociabilisants. Ainsi, cela permet de réduire la dyspnée, de retrouver des équilibres et d'améliorer l'aptitude physique aérobie. Sur les plans psychosocial et éducatif, il s'agit de lui faire accepter sa déficience, ses troubles associés et ses handicaps, et qu'il redevienne actif et reprenne confiance en soi. « En outre, explique le Dr Desplan, le malade doit donner un sens à ses démarches et, au bout du compte, engager un changement durable au quotidien. »
Des accompagnateurs biopsychosociaux
Au début et à la fin du séjour de réhabilitation (quatre semaines), le patient est soumis à une évaluation globale de son état de santé, comprenant notamment : un test d'effort (épreuve d'effort et test de marche de six minutes), un questionnaire de qualité de vie (un questionnaire sur la connaissance de la maladie est en cours de préparation). Le réseau local de malades chroniques est un bon moyen de traçabilité pour pérenniser ce travail lorsque le patient regagne son domicile. « Les associations de proximité de malades chroniques peuvent être un relais important de prévention des décompensations. En effet, l'écoute éclairée de l'association de patients est essentielle. C'est un accompagnement biopsychosocial. Le patient devient un véritable expert de sa maladie. Il devient alors à la fois acteur et actif d'une nouvelle vie adaptée. Dans cette perspective, le centre de réhabilitation intensive se consacrerait principalement à la formation de ces patients experts. Un objectif des années 2000 », a affirmé le Dr Desplan.
D'après un entretien avec le Dr Jacques Desplan, médecin directeur de la clinique du souffle la Solane et Val-Pyrène, à Osséja.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature