Un tiers des patients cirrhotiques dans le monde, admis à l'hôpital pour une infection bactérienne, sont infectés par une souche multirésistante. Tel est le résultat aussi impressionnant qu'inquiétant présenté au congrès de l'Association européenne pour l'étude du foie (EASL). « C'est la première étude épidémiologique de ce genre d'une telle ampleur », explique au « Quotidien » le Dr Paolo Angeli, président de l'International Ascites Club qui a financé et mené ce travail.
Les auteurs ont collecté les données de 1 302 patients, dont 48 % ont été infectés lors d'une hospitalisation, 26 % ont été infectés en ville, et 26 % lors d'un acte médical. « Nous avons obtenu des cultures bactériennes dans presque 60 % des cas, ce qui est un très bon score », se réjouit-il. Grâce à cela, les chercheurs ont pu déterminer que 58 % des infections sont causées par des bactéries à gram négatif. Les auteurs notent par ailleurs une surreprésentation des pneumonies parmi les infections multirésistantes. Il y avait également de grosses disparités d'un pays à l'autre. Les taux de multirésistance allant de 18 % en Amérique du Nord à 73 % en Inde.
Près de 50 % de décès à un mois
« Le taux d'infection chez les patients cirrhotiques est 4 fois plus élevé que dans la population générale et leur mortalité est de 43 % à un mois, explique au « Quotidien » le Dr Angeli. Le message à retenir est que ce taux de bactéries multirésistantes doit nous inciter à mieux utiliser les antibiotiques, c’est-à-dire quand ils sont nécessaires, aux doses maximales et sur des périodes les plus courtes possible. »
Il n'existe en revanche pas encore d'explication à cette surreprésentation des infections multirésistantes chez les patients cirrhotiques. « Une hypothèse était que ces patients reçoivent souvent des petites doses de norfloxacine pour prévenir les infections, explique le Dr Angeli. Mais nos résultats ne confirment pas cette piste de la prophylaxie à la norfloxacine. »
Les facteurs prédictifs de la présence de bactéries résistances aux antibiotiques étaient la sévérité de la pathologie, un historique de traitement antibiotique à but curatif, le type et le lieu de l'infection. Les infections nosocomiales étaient ainsi plus souvent causées par des bactéries multirésistantes que les infections communautaires.
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