L E Pr André Noir (pédiatre au CHU de Besançon) et le Pr Marcel Rufo (pédopsychiatre à l'hôpital de la Timone à Marseille) ont présenté, lors du colloque sur l'enfant à l'hôpital et Internet, leur expérience sur l'intérêt éventuel d'Internet dans le processus thérapeutique.
Différents travaux ont été menés par leurs équipes dans des situations de pathologie lourde impliquant une ou plusieurs hospitalisations de longue durée ou de pathologie liée à un traumatisme psychique (tentative de suicide ou sévices sexuels, par exemple). Tous les participants ont la conviction d'avoir trouvé un outil complémentaire pour leur arsenal thérapeutique, outil dont on ne connaît pas encore toutes les capacités.
Internet à l'hôpital doit-il être considéré seulement comme un élément de confort, de loisir, d'enseignement, ou bien, dans certaines conditions et certains domaines, peut-il être considéré comme un adjuvant thérapeutique ?
Pour le Pr Rufo, la réponse est positive. Il a constaté dans sa pratique l'équivalence entre les messages rédigés dans leur messagerie par les patients et les entretiens thérapeutiques qu'il peut avoir avec eux. Il ajoute que les adolescents suicidaires, avec qui il a pu en parler, trouvent parfaitement naturel d'avoir cette technologie à leur disposition et que c'est sans doute son absence qui aurait été remarquée. L'une de ses jeunes patientes ne lui a-t-elle pas lancé : « Et d'un frigo, vous vous en passez ? » ?
Neutralité
Pour sa part, le Pr Noir raconte l'histoire d'une adolescente de 14 ans arrivée en pleine nuit : après avoir vraisemblablement subi un choc psychologique grave, elle restait dans un état de stupeur et de mutisme total ; après avoir tout essayé pour entrer en contact avec elle, on l'avait laissée un peu libre de ses mouvements dans le service et on l'avait retrouvée en train d'envoyer un message racontant ce qui lui était arrivé et ses angoisses. Dans de telles circonstances, la machine a, aux yeux de son jeune utilisateur, une neutralité supérieure à celle de son entourage et même à celle des médecins.
Mais la raison oblige à prendre quelques précautions et à appliquer à ce nouvel outil une procédure d'évaluation. Si cela ne satisfait pas forcément les plus enthousiastes, cela aura pour avantage, si ses résultats confirment les premières constatations, de convaincre le plus grand nombre.
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