Carcinomes urothéliaux, léiomyosarcomes

Une alternative venue de la mer

Publié le 14/09/2015
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Une molécule utilisable en présence d’une fonction rénale  altérée

Une molécule utilisable en présence d’une fonction rénale altérée
Crédit photo : PHANIE

Molécule

issue d’une éponge marine, Halichondria okadai, l’eribuline fait partie de la famille des inhibiteurs des microtubules. Son utilisation est actuellement validée pour les cancers du sein métastatiques à partir de la troisième ligne, avec un bénéfice en survie globale – étude Embrace (1).

Deux études testant l’eribuline dans d’autres localisations ont été présentées à l’ASCO cette année. La première, de phase II, évaluait le bénéfice de l’eribuline chez 150 patients présentant un carcinome urothélial métastatique (2). Trois cohortes distinctes étaient prévues : utilisation en 1re ligne, en 2e ligne avec traitement antérieur par inhibiteur des microtubules, et en 2e ligne sans traitement antérieur par inhibiteur des microtubules. L’eribuline était administrée à la dose de 1,4 mg/m2 J1-J8 toutes les 3 semaines.

Le taux de réponse objective était de 34,7 % pour l’ensemble de la population avec une survie sans progression (SSP) médiane de 4,1 mois et une survie globale (SG) de 9,5 mois. Pour la cohorte en première ligne, le taux de réponse objective atteignait 46,2 %.

Les principales toxicités étaient hématologiques (4 % de neutropénies fébriles et anémies), neurologiques (44 % de neuropathies sensitives de grade 1-2) et hépatiques (cytolyse de grade 1) avec seulement 13 % d’arrêts de traitement pour toxicité limitante. Les facteurs de risques de toxicités de grade 3 étaient l’âge supérieur à 70 ans et le PS ; un traitement antérieur par inhibiteur des microtubules n’était pas prédictif de toxicité neurologique.

Léiomyosarcome

La deuxième étude est une étude internationale de phase III multicentrique qui visait à confirmer les résultats d’une étude de phase II réalisée chez des patients ayant reçu plus de deux lignes de traitement pour un léiomyosarcome ou un liposarcome métastatique (une SSP de 12 semaines était retrouvée avec l’eribuline) [3]. Cette étude comparait l’eribuline à la dacarbazine, standard thérapeutique en cas de progression après traitement par anthracyclines. Les patients étaient randomisés entre eribuline 1,4 mg/m2 J1-J8 toutes les 3 semaines et dacarbazine 850-1 200 mg/m2 J1 toutes les 3 semaines. Le critère de jugement principal était la SG.

Au total, 452 patients ont été inclus et randomisés. La médiane de SG était de 13,5 mois pour le bras eribuline contre 11,5 mois pour le bras dacarbazine : HR = 0,768 ; IC95 [0,618 – 0,954] ; p = 0,017). Il n’y avait en revanche pas de différence en termes de SSP. Il y avait plus de toxicités dans le bras eribuline (44 vs 24 % de neutropénies, 20 vs 4 % de neuropathies, 35 vs 3 % d’alopécies et de manière plus globale, 63 vs 53 % de toxicités de grade 3).

Commentaires du Dr Hélène Boussion*

* Pour l’AERIO, Association d’Enseignement et de Recherche des Internes d’Oncologie. Oncologie médicale, service du Pr Tournigand, hôpital Henri Mondor, Créteil

(1) Cortes J. et al. Lancet. 2011 Mar 12;377(9769):914-23

(2) Quinn D. et al. J Clin Oncol 33, 2015 (suppl; abstr 4504)

(3) Schöffski P. et al. J Clin Oncol 33, 2015 (suppl; abstr LBA10502)


Source : Congrès spécialiste