Recommandations de bonne pratique

Une nouvelle stratègie de la HAS

Publié le 09/02/2012
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EN QUELQUES ANNÉES, la Haute Autorité de santé (HAS) s’est imposée comme un acteur majeur dans le domaine des recommandations de bonne pratique médicale. « Mais aujourd’hui, il nous semble indispensable d’affirmer que notre vocation n’est pas de couvrir toute la médecine, ni de faire des recommandations sur l’ensemble de la prise en charge d’une pathologie. Le rôle de la HAS est d’utiliser son expertise dans des domaines plus complexes qui pourront utilement bénéficier de sa plus-value », explique le Dr Cédric Grouchka, président de la Commission des recommandations de bonne pratique.

Composée d’une trentaine de membres, cette Commission a été mise en place en juin dernier en remplacement du Comité de validation des recommandations présidé par le Pr Loïc Guillevin, qui arrivait au terme de son mandat de trois ans. « Cette Commission regroupe des généralistes, des spécialistes mais aussi de nombreux paramédicaux et des représentants des associations de patients. Cela reflète notre volonté d’élaborer des recommandations qui aient aussi une traduction concrète pour les usagers du système de santé », indique le Dr Grouchka.

Aujourd’hui, la HAS souhaite donc faire évoluer sa stratégie dans l’élaboration des recommandations de bonne pratique. « Il convient tout d’abord de préciser que ces recommandations constituent toujours les fondations sur lesquelles doit reposer tout le dispositif d’amélioration des pratiques professionnelles. Elles sont et doivent rester indispensables pour le développement professionnel continu (DPC), l’accréditation et la certification. Il est aussi important de rappeler que ces recommandations de bonne pratique constituent le cœur du métier de la HAS, qui y attache une importance majeure », indique le Dr Grouchka.

Pour la Haute Autorité de santé, il est aujourd’hui nécessaire de développer l’attribution du label HAS à des recommandations plutôt générales et principalement élaborées par des sociétés savantes ou des collèges nationaux professionnels. « L’idée est d’aider ces organismes sur le plan méthodologique, par le biais d’une note de cadrage délivrée en amont, pour leur permettre d’élaborer des recommandations qui puissent être labellisées par la HAS », explique le Dr Grouchka. De son côté, la HAS, elle, souhaite se recentrer sur des thématiques plus complexes et moins générales. « Ces dernières années, nous avons eu tendance à répondre à des sollicitations diverses : de la part des ministères, de l’assurance-maladie, des sociétés savantes. Tout le travail effectué a été utile et nécessaire. Mais aujourd’hui, nous estimons que la vocation de la HAS n’est pas de refaire la totalité de la prise en charge d’une pathologie fréquente. Il s’agit là d’une mission utile mais que peuvent faire les sociétés savantes ou les Collèges professionnels avec un regard pratique et opérationnel qui sera pertinent. Notre mission est de travailler sur des recommandations concernant des sujets où notre plus-value permettra d’éclairer les professionnels : il s’agit de domaines où, par exemple, existent aujourd’hui certaines zones d’ombre, des polémiques ou une littérature scientifique peu importante ou à faible niveau de preuves », indique le Dr Grouchka.

Ce dernier estime aussi que ces recommandations doivent s’inscrire dans un programme complet d’amélioration des pratiques. « Élaborer une recommandation n’est pas une fin en soi. La finalité est de l’inscrire au plus près des besoins des professionnels, en les intégrant par exemple dans des programmes de développement professionnel continu (DPC) », indique le Dr Grouchka.

À l’avenir, la HAS souhaite aussi simplifier ses procédures internes, tout en réduisant le temps de production. « Aujourd’hui, le temps moyen de production est de 12 à 18 mois. Notre souhait est de passer à une moyenne d’environ neuf mois. Notre objectif est aussi de mettre à disposition des professionnels des documents plus concrets, synthétiques et opérationnels, davantage orientés, à chaque fois que cela sera nécessaire, vers le premier recours du médecin généraliste. Enfin, nous allons nous efforcer de jouer la carte de l’interactivité via notre site Internet », indique le Dr Cédric Grouchka.

D’après un entretien avec le Dr Cédric Grouchka, président de la Commission des recommandations de bonne pratique de la Haute Autorité de santé (HAS).

ANTOINE DALAT

Source : Bilan spécialistes