« Nous sommes inquiets pour les fermetures des services d'urgence. Il nous faudra conforter le service d'accès aux soins pour la régulation médicale, affirme sans ambages François Braun, président de Samu-Urgences de France* et référent santé du président Macron. « Notre priorité est qu'il n'y ait pas de perte de chance », complète Karim Tazaourte, président de la Société française de médecine d'urgence. L'ensemble des intervenants loue les bienfaits du SAS qui a permis d'accroître de 22 % des appels pris en charge aux urgences pendant la crise Covid.
Un dispositif loin d'être abouti
Le déploiement du dispositif incluant les 22 sites pilotes SAS s'est déroulé en un an. Reste à le généraliser sur le reste du territoire, ce qui va prendre encore 18 mois à un an. L'objectif du décroché dans les 30 secondes a été respecté. Cependant l'ensemble du système est encore dans une phase de construction. Il faudra encore recruter 30 % d'effecteurs supplémentaires ainsi que des médecins généralistes pour assurer la régulation médicale. Ces derniers demandent d'ailleurs une revalorisation de 15 euros. Le partenariat ville/hôpital via les généralistes a bien fonctionné et a permis de mieux orienter les patients.
Délégation de tâches
D'autres pistes ont été explorées. Les organisations de secouristes ont la compétence médico-sociale et savent renvoyer les patients vers leur médecin traitant ou vers un plateau technique. Peu à peu se construit une extension du réseau d'urgences. « On a pris du retard, mais on est sur le bon chemin », argumente François Braun. Les premières infirmières en pratiques avancées d'urgences arrivent dans les services dédiés. Des décrets sont passés, autorisant les ambulanciers et sapeurs pompiers à une délégation de tâches, comme la délivrance de médicaments à la demande du régulateur.
Doubler le paiement des heures supplémentaires
Quant à l'exécutif, il n'a pas attendu le premier tour des élections législatives pour annoncer des mesures en faveur de l'hôpital. La ministre de la Santé Brigitte Bourguignon présente au congrès des urgentistes le 8 juin a décidé de « réactiver le doublement des heures supplémentaires du personnel non médical, et du temps de travail additionnel des médecins, pour l'ensemble de la période estivale ». Autre mesure, un dispositif exceptionnel est mis en place pour que « les élèves infirmiers et aides-soignants ayant achevé leur formation initiale en juin et juillet (puissent) commencer à exercer immédiatement, sans attendre la remise officielle de leur diplôme ». L'exécutif fait appel aussi à l'aide des retraités volontaires pour reprendre cet été une activité. Ils bénéficieront de facilités de cumul avec leur pension de retraite. Par ailleurs, les agences régionales de santé (ARS) ont été sommées de « remobiliser les dispositifs territoriaux de gestion de crise » pour coordonner hôpitaux publics, cliniques privées et professionnels libéraux.
* Conférence de presse le jeudi 9 juin lors du congrès Urgences 2022, Palais des congrès, Paris.
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