BPCO

Vers une prise en charge plus personnalisée

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Publié le 18/12/2017
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Crédit photo : PHANIE

Le risque pour un individu de développer une Broncho pneumopathie chronique obstructive (BPCO) s’affine comme en témoignent les travaux dirigés par une équipe de l'Université de Leicester et l'Université de Nottingham au Royaume-Uni et publiés dans la revue « Nature Génétics ».

En comparant 24 millions de variants génétiques, les scientifiques ont pu identifier 43 nouvelles variations de gènes associées au risque d'être atteint de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). Ainsi, ils ont pu établir un score de risque de développer une BPCO. Il ressort de l’étude que le risque de survenue de cette maladie est multiplié par 4 dans le groupe à haut risque génétique par rapport au groupe à plus faible risque. Des données qui pourraient avoir des retombées précieuses en termes de prévention. Selon les chercheurs, l’arrêt du tabac au début de l’âge adulte éviterait l’apparition de BPCO chez 5 personnes sur 10 considérées à haut risque. Cette information génétique pourrait aussi guider le développement de nouveaux médicaments ainsi que la réutilisation de médicaments déjà testés pour différentes maladies.

Des traitements tournés vers l’épigénétique

La classe principale de médicaments adaptés à la BPCO est représentée par les broncho-dilatateurs. Ces dernières années ont vu la multiplication des produits associant deux substances bronchodilatatrices de longue durée d’action ou associant bronchodilatateurs et corticoïdes inhalés. Ces bronchodilatateurs sont généralement administrés grâce à différents dispositifs d’inhalation. Il est indispensable que le patient soit correctement informé sur leur utilisation sous peine d’inefficacité. Longtemps cantonnée à la recherche pure, l’épigénétique pose ses jalons en médecine humaine. Cette branche de la biologie pourrait apporter des réponses à certaines maladies comme la BPCO. Les données concernant les modifications de la régulation de l’expression de certains gènes via des processus épigénétiques dans la BPCO comme la méthylation de l’ADN, l’acétylation des histones ou la présence d’ARN non codant, offrent ainsi l’espoir de nouvelles stratégies thérapeutiques. Des molécules ciblant les mécanismes épigénétiques sont actuellement explorées. Une future révolution dans le domaine de la BPCO. Réponse dans une dizaine d’années. D’autres éléments font également l’objet de recherche comme les modulateurs de l’inflammation, les réponses immuno-inflammatoires, ou même l’exercice physique dont les effets bénéfiques pourraient aussi découler en partie des modulations épigénétiques au sein des muscles périphériques.

Les nouveaux éclairages de la ventilation non invasive

L’intérêt de la ventilation non invasive (VNI) au long cours est resté longtemps très controversé en raison des études aux résultats contradictoires. Une étude randomisée britannique parue en mai 2017 dans le « JAMA » apporte un éclairage nouveau sur les bénéfices de cette thérapie. Les chercheurs ont analysé les dossiers de 116 patients au profil mieux cerné car atteints d’une BPCO sévère, avec une hypercapnie franche (PaCO2 > 53 mmHg) et persistante. La VNI à domicile a permis de diminuer significativement le taux de ré-hospitalisation et la mortalité au cours des 12 mois chez les patients soumis à cette procédure par rapport à un groupe non ventilé. La durée médiane de réadmission hospitalière était pour les groupes ventilés et non ventilés respectivement de 4,3 mois et de 1,4 mois. En revanche, peu d’effets ont été observés sur la qualité de vie. À la lumière de cette étude, la ventilation non invasive à domicile apparaît à nouveau comme un élément important dans la prise en charge des patients atteints de BPCO sévère. Mais les mécanismes précis restent à élucider. Et pour les éditorialistes « d’autres études sont nécessaires pour mieux définir les caractéristiques des patients et les aspects techniques qui vont optimiser les chances de succès de la VNI à domicile chez les patients BPCO ».

Dr Isabelle Stroebel

Source : Le Quotidien du médecin: 9628