En matière de supplémentation systématique en vitamine D, la France se distinguait en Europe depuis 2012 par une interruption entre 5 et 10 ans. « Cette complexité pourrait expliquer que ces règles n’ont jamais été réellement adoptées par les médecins de premier recours et les pédiatres », reconnaît le Dr Justine Bacchetta (CHU de Lyon), coordinatrice du nouveau consensus d’experts français qui abroge cette spécificité au profit d’une supplémentation continue entre 0 et 18 ans. Dans une enquête menée en 2016 en salle d’attente de médecine générale, alors que 97 % des 0-18 mois s’étaient vu prescrire de la vitamine D dans les six derniers mois, cette proportion tombait à 42 % chez les 1-5 ans et à 25 % chez les 10-18 ans. Par conséquent, « le déficit en vitamine D est très fréquent en population pédiatrique générale en France, et le rachitisme carentiel existe toujours », ajoute-t-elle. Outre ce défaut de prescription, d’autres facteurs se surajoutent, comme l’augmentation du surpoids en population pédiatrique, le tissu adipeux piégeant la vitamine D alors que 20 % des enfants français sont désormais en surpoids ou obèses. Les habitudes de vie jouent également, avec moins de jeux en extérieur, ainsi que l’utilisation accrue (mais positive) des écrans solaires ou encore la pauvreté de la consommation d’aliments riches en vitamine D.
En 2023, les règles de supplémentation, simplifiées, sont donc les suivantes : entre 0 et 2 ans, la dose journalière de vitamine D2 (ergocalciférol) ou D3 (cholécalciférol) est comprise entre 400 et 800 UI et ce, pour tous les enfants. En revanche, entre 2 et 18 ans, la dose dépend d’éventuels facteurs de risque (malabsorption, insuffisances rénale chronique et hépatique, syndrome néphrotique, fragilité osseuse secondaire, pathologies inflammatoires chroniques, traitements antiépileptiques et corticoïdes au long cours, etc.). Sans facteur de risque, la dose se situe entre 400 et 800 UI/jour de vitamine D2 ou D3. En cas d’observance douteuse, la supplémentation se fait par vitamine D3 à raison de 50 000 UI/trimestre ou 80-100 000 UI en entrée et sortie d’hiver. En cas de facteur(s) de risque, entre 800 et 1 600 UI/jour de vitamine D2 ou D3 sont nécessaires, ou 50 000 UI de cholécalciférol toutes les six semaines, ou 80-100 000 UI/trimestre si l’observance laisse à désirer. Adapter les doses est nécessaire, lorsque certains facteurs de risque réduisent la disponibilité de la vitamine D (peau noire, obésité/surpoids, exposition solaire limitée) ou sa prise alimentaire (régime végan/végétarien). « Notamment, précise le Dr Bacchetta, il faut doubler les doses de vitamine D en cas de surpoids et d’obésité. » En parallèle, les apports en calcium doivent être adaptés à l’âge avec une supplémentation calcique en cas d’éviction des produits laitiers.
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