Vive les crises ! Pour la première fois médecins et administratifs, politiques de gauche ou de droite, partagent le même constat. L’hôpital public est en train de craquer. Rien n’y fait. Les milliards du Ségur de la Santé n’arrêtent pas les démissions en masse. Les digues de l’héroïsme au quotidien cèdent devant le tsunami des injonctions paradoxales. Les soignants fatigués sont en quête de sens. Un très bon connaisseur du système le reconnaît : « L’hôpital public a fait l’objet de plans innombrables qui se sont presque toujours soldés par des échecs », a résumé Olivier Véran lors de son discours à Santexpo le 9 novembre dernier. Les anciens ministres apprécieront ! « Dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé », avait lâché François Mitterrand. La situation est-elle comparable avec l’hôpital ? Peut-être pas. C’est pourquoi Décision & Stratégie Santé a sollicité à l’occasion de son 30e anniversaire 50 experts pour déminer cette situation explosive. Et constituer une boîte à outils qui servira éventuellement dans les prochains mois. Certes, « la prévision est difficile, surtout lorsqu’elle concerne l’avenir », avait, on s’en souvient, pronostiqué Pierre Dac. On a toutefois préféré cet exercice à celui qui aurait été beaucoup plus cruel de relire les anciens éditos. Mais à la faveur de cette crise qui secoue l’hôpital, la fatalité ici n’a pas de place. « L’avenir ne sera pas ce qui va arriver mais ce que nous allons faire », expliquait Henri Bergson. Des réponses diverses sont possibles. Réapparaît ici un vrai clivage longtemps caché sous le tapis. Si on lit bien certaines de ces contributions, se dessinent des solutions de gauche et de droite. L’époque a ce mérite de fracturer les faux consensus. Et d’échapper à la pensée unique, celle d’« Il n’y a pas d’alternative ». Autre avantage, l’hôpital est devenu l’affaire de tous. Il n’est plus la seule maison des patients et des professionnels du soin. Des philosophes y donnent même des consultations. Bref, l’hôpital n’est plus un champ clôt. Il s’ouvre sur le monde. Et sommé de répondre, à l’égal d’autres acteurs, aux débats de société, à l’urgence climatique, aux violences faites aux femmes, en obstétrique par exemple, à la qualité de vie au travail. Depuis longtemps, on a enlevé le panneau « Hôpital, silence ! ». Seule exception au sort commun, il ne connaît pas la routine. La maladie n’est jamais ordinaire mais toujours extraordinaire comme la naissance et la mort. La communauté hospitalière nous dispense jour après jour cette unique leçon de savoir vivre. Pour combien de temps ?
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