Tribune

Vote de raison

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Publié le 27/04/2017
visuel Pascal

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Les Français viennent de clore le premier round d’une élection présidentielle inédite, qui renvoie la France électorale de 1958 au cimetière de l’histoire de la République. Les deux grands partis de gouvernement s’effondrent et disparaissent du film politique joué depuis soixante ans. Nous pourrions être entraînés dans une crise de régime qui nous a été épargnée jusque-là, malgré de sérieux accrocs durant de si longues années de la vie de cette Constitution. Un nouveau scénario est en train de s’écrire avec un jeune candidat social et libéral et une héritière de l’extrême-droite. En un week-end, nous avons perdu un grand nombre de nos repères et pas mal d’illusions. Et nous ne sommes pas sûrs que le pire nous sera épargné.

Populisme

Les institutions politiques et administratives sont soumises à rude épreuve. Certes, ce n’est pas unique dans le monde démocratique qui prend l’habitude d’élire des populistes menaçants. Le « système » est critiqué sans discernement. Les organismes et les fonctionnaires de l’Etat et de l’Europe sont vilipendés honteusement, au nom du peuple et des exclus de la société.

Tenir bon

Les institutions sanitaires, sociales et solidaires, depuis cinquante ans, tiennent bon. La crise économique et le chômage les menacent pourtant. On ne peut « mettre sous le tapis » les problèmes de pauvreté et d’exclusion que les professionnels de santé, aux avant-postes, connaissent bien. D’autant que, sous nos yeux, des milliers de réfugiés tentent de ramasser quelques miettes de nos avantages. L’extrême-droite, curieusement soutenue par une partie de l’extrême gauche, mène un combat à mort pour imposer une autre manière, pessimiste, d’envisager le destin d’un pays.

Raison

La santé, son financement, la solidarité vis-à-vis des exclus et des réfugiés sont des sujets abordés par les deux derniers candidats. Les Français ont fait leur les thèmes d’accès aux soins, de sécurité sanitaire, du tiers payant … Les patients, la presse, Internet les ont fait hisser en bonne place des débats. Mais la santé ne peut être abordée sans la lier à la raison sanitaire, l’éthique et la déontologie médicale qui n’autorisent pas d’exclure des malades, qu’ils soient Français ou étrangers. C’est pourquoi les médecins devraient dire majoritairement « Non à Le Pen »*. Entraîneront ils tous les professionnels de santé ? Rien de sûr tant la candidate du Front national a courtisé les professionnels de santé de l'hôpital public. Diagnostic le 7 mai.

*Sondage Ifop (20-24 mars) pour Le Quotidien du Médecin sur les intentions de vote des médecins au second tour : 89 % pour Macron, 11% pour Le Pen.


Source : lequotidiendumedecin.fr