Nous avons beaucoup (trop) espéré que le « Ségur de la Santé » conduirait à une révision d’une gouvernance hospitalière devenue obsolète et insuffisamment efficace. Cet espoir a fait long feu et la technocratie économique et juridique, non seulement reprend le dessus, mais semble même vouloir rattraper le temps perdu en multipliant et accélérant les décisions non concertées.
Les ARS ont été récemment critiquées pour leur gestion éloignée des établissements de santé. Mais les directions hospitalières ont une grande part de responsabilité sur les dysfonctionnements de gouvernance. Bon nombre d’administratifs sont avant tout soucieux de faire appliquer les textes « venant d’en haut », voire d’abuser de leur pouvoir, sans connaître (ou ne souhaitant pas connaître) la réalité du « terrain » quotidien (demandes des patients et souffrance des soignants par les facteurs irritants quotidiens).
Plus grave, certains l’ont oublié lorsqu’ils furent soignants. Ce « pouvoir administratif » a compris que l’accroissement des tâches administratives imposées aux médecins anesthésie toute réflexion dépassant le cadre de leur exercice professionnel quotidien.
D’un autre côté, combien de médecins pleins d’enthousiasme réformateur, une fois devenus responsables de commissions nationales ou locales, de pôles ou conseillers d’agences, ont aisément endossé le costume de médecin gestionnaire de moins en moins clinicien et de plus en plus administratif, imbus de ce pouvoir nouveau et bénéficiant de la bienveillance de l’administration en échange d’une mise en veilleuse de leur volonté de réforme, à l’origine de l’érosion du « pouvoir médical » au bénéfice du « pouvoir administratif » ?
Seul le retour à un équilibre raisonnable entre les acteurs médicaux, juridiques, économiques et réglementaires améliorera la situation de la Santé en France. Quelles que soient nos responsabilités, n’oublions pas que le cœur de notre métier demeure le souci de l’efficacité et de la qualité des soins que nous devons apporter à nos patients. Pensons donc aussi à balayer devant notre porte. Le temps presse…
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr .
Appendicite et antibiotiques
La « foire à la saucisse » vraiment ?
Revoir la durée des études de médecine
Réformer l’Internat et les hôpitaux