La loi de modernisation du système de santé fut promulguée en janvier 2016, après avoir été portée par Marisol Touraine. Au cours de son étude par le Parlement, elle suscita de nombreuses critiques de la part des professionnels de la santé, entraînant plusieurs grèves et manifestations. Olivier Véran en fut le rapporteur.
La nouvelle convention médicale qui fait suite à la loi Touraine a été signée le 25 août 2016 par Nicolas Revel (directeur de la CNAM) avec trois syndicats représentatifs des médecins libéraux (MG France, la Fédération des médecins de France et Le Bloc). Elle était très en retard pour faire face à la détérioration de la situation tant en ville que dans les hôpitaux.
Le Ségur de la santé et la loi Ma santé 2022 ne régleront rien non plus. Les ordonnances permises par cette dernière n’allaient ni « assez loin ni assez fort ». Cela reste à écrire car la pandémie du Covid-19 a tout arrêté avec le plan Blanc. Le « Comte de Ségur », notre ministre de la Santé, est en charge avec Jean Castex du projet.
Avec Jean Castex Premier ministre et Nicolas Revel -ancien directeur de l’Assurance Maladie et défenseur de toutes les politiques d’austérité- comme directeur de cabinet c’est un tandem « santé » de choc à Matignon avec de fins connaisseurs du monde de la santé, déjà à la manœuvre dans le passé. En 2005 à 2006, Jean Castex était le directeur de l’Hospitalisation et de l’organisation des soins au ministère de la Santé. Il participa à l’introduction de la notion d’objectifs et de rentabilité dans l’hôpital dans le cadre du plan Hôpital 2007. C’est lui qui introduisit notamment la tarification à l'activité (« T2A ») actuellement très décriée. Il fut ensuite directeur de cabinet de Xavier Bertrand au ministère de la Santé, puis du Travail, avant de remplacer Raymond Soubie au poste de conseiller aux affaires sociales au cabinet du président de la République Nicolas Sarkozy…
On pouvait espérer qu’il allait corriger les conséquences néfastes de ses choix. Loin s’en faut car tous les énarques pensent être sur le bon chemin. Alors ce sera toujours plus d’agences de santé et d’administration. Avec l’arrivée à Matignon de ce tandem, les personnels hospitaliers savent à qui ils auront affaire. Au lendemain de la mascarade du Ségur de la santé. Le « monde d’après », est bien le retour au « monde d’avant », avec les pires acteurs de celui-ci.
En conséquence, l'hôpital n'est pas prêt à faire face à la 2e vague. Il manque 30 000 infirmières et aucun personnel de réanimation n'a été formé. La déprogrammation de la chirurgie a commencé, car avec 6 000 lits à l'hôpital en réanimation, on ne pourra pas soigner tout le monde.
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