Depuis quelques mois, nous voyons régulièrement des collègues de haut vol qui expliquent, de manière parfois contradictoire, leur point de vue sur le COVID-19.
À la lumière de certains propos, nous ne pouvons qu’être très perplexes, et parfois interrogateurs. En effet, les idées exposées vont à l’encontre des réalités scientifiques ou ouvrent une porte vers des alternatives parfois peu étayées. De plus, ces propos peuvent modifier notre façon de penser sur la prise en charge des patients.
En nous penchant un peu sur ces communications, nous pouvons nous rendre compte que certains de ces experts travaillent la main dans la main avec certaines firmes pharmaceutiques pour mettre sur le marché des molécules éventuellement intéressantes pour lutter contre ce fléau.
On peut tout à fait comprendre ce type de comportement, cela alors que nos politiques ont raboté de manière importante les budgets alloués à la recherche. Cependant, il me semble tout à fait opportun qu’avant toute intervention de ces sommités des médias et des hôpitaux cette affiliation soit clairement exposée.
Trop facile de taper sur les libéraux
Depuis quelques années (plus de 10), nous « les petits libéraux » sommes obligés d’accepter une nouvelle donne en ce qui concerne l’industrie pharmaceutique. Ainsi, à chacune de nos interventions, nous devons mettre en avant nos conflits d’intérêts (il peut s’agir d’un simple repas) avant de nous exprimer. En parallèle, les visiteurs médicaux ne peuvent plus nous fournir en médicaments ou nous donner des gadgets, car cette pratique favorise facilement le détournement de nos prescriptions (il est vrai que nous n’avons pas assez d’esprit critique).
Tous ces propos pour dire qu’il est facile de taper sur « les petits libéraux », mais qu’on laisse les grosses pointures recevoir des sommes parfois rondelettes pour travailler sur certains sujets. Les tribuns du PAF peuvent s’affranchir de ces règles sans être inquiétés par les commissions en charge du contrôle de leurs conflits d’intérêts.
Bien entendu, il est possible de regarder sur le site du gouvernement leur accointance à certains laboratoires. Cependant, ces déclarations sont-elles toutes répertoriées, ou est-il possible de recevoir des émoluments sans qu’ils appartiennent à d’éventuels conflits d’intérêts ?
Bien entendu, certains journalistes (ils sont devenus rares) nous informent de cette situation parfois étonnante, et qui peut dans certains cas modifier les idées de nos confrères et de nos concitoyens dans les deux sens. Il serait opportun dans ce cadre que les responsables de ces médias sachent contrôler l’intégrité des propos de ces collègues qui sont parfois pris monnaie comptant par les Français ; cela allant parfois à l’encontre des préceptes reçus.
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