Covid était une maladie nouvelle. Certes, il a fallu découvrir le génome du virus, étudier les particularités de son mode d’action, l’orage cytokinique, la symptomatologie habituelle et les formes cliniques de la maladie, les particularités propres aux tranches d'âge, déceler les sujets les plus vulnérables, tenter de tester les traitements les plus actifs…
Mais, s’il est un domaine où les données communes à toutes les maladies infectieuses sont intemporelles, c’est bien celui de la transmission interhumaine des virus. Or, c’est sur ce terrain que deux erreurs majeures ont été commises :
Erreur n° 1 : L’absence d’un discours lisible par tous sur la transmission du virus
C’est ici que le consensus aurait dû voir le jour, explicitant dès le début et d’une manière formelle la façon dont le virus se transmet entre les êtres humains ; des données qu’il eut été indispensable de diffuser le plus rapidement possible à toute la population en des termes simples. Expliquer clairement qu’il s’agissait principalement d’une transmission aérienne par les micro gouttelettes de salives projetées des organismes infectés lors de la toux, des éternuements ou de la simple parole.
Et qu’occasionnellement, celle-ci pouvait aussi se faire par les mains. Le virus ne sort pas par l’extrémité des doigts, mais il peut être véhiculé par eux lorsque le sujet infecté porte sa main à sa bouche, à son nez et touche ensuite des surfaces inertes.
D’où l’intérêt supplémentaire du port du masque et conjoint du lavage répété des mains. De ces informations découlent des données incontestables qu’il eut été indispensable que les autorités sanitaires portassent à la connaissance du grand public.
Bien sûr qu’il fallait mettre un masque sur le visage du soignant pour qu’il se protège pour ne pas contracter le virus. Mais de toute évidence, il était encore plus essentiel de le mettre sur le visage des patients potentiellement contagieux, pour la simple raison que la maîtrise d’une épidémie passe avant tout par la non sortie du virus des organismes infectés. Car si le virus ne sort pas d’eux, il n’y a plus de risque épidémique !
Donc, c’est clair comme de l’eau de roche, le masque est impératif en premier lieu chez tous les sujets contagieux. Et comme en période épidémique, on ne peut pas savoir qui est contagieux et qui ne l’est pas, (en raison des phases d’incubation et des formes cliniques asymptomatiques), il était impératif que tout le monde porte un masque. Or les autorités gouvernementales ont commencé par marteler que le masque n’était pas indispensable pour la population ! Lancer une affirmation fausse, diamétralement opposée à la vérité est inadmissible de la part de quelque autorité que ce soit.
Bien sûr, qu’il fallait de surcroît inciter à la distanciation (arrêt dès poignées de main et des embrassades) et au lavage répété des mains. En théorie avec ce type de mesures bien menées, une épidémie peut être maîtrisée si tout le monde joue le jeu.
Erreur n° 2 : L’ahurissante non exploitation d’une situation propice : le confinement.
Quel argument a pu parasiter le cerveau des décideurs pour qu’ils omettent cette indispensable mesure ? Le port du masque obligatoire pour tous, pour toutes sorties du domicile durant cette période, tandis que seule une fraction réduite de la population circulait hors de son domicile ! Quel motif rationnel a pu amener à la décision d’envisager deux mois de confinement alors qu’un mois mené dans de bonnes conditions pouvait suffire ! Comment a-t-on pu s’offrir le luxe de paralyser tout un pays et de ne pas imposer une mesure si simple. De toute évidence, on aurait gagné en efficacité et il est certain qu’une réduction de la durée du confinement aurait été, sur le plan économique, une salutaire bouffée d’oxygène.
Tout ceci appartient déjà au passé mais il était important de le préciser.
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