Dans la course contre la montre face au virus du Covid qui mute et accroît sa nocivité depuis des mois nous avons déjà perdu la bataille, pour deux raisons.
1/ Ne pas avoir reconnu et contré une brèche par laquelle s’engouffre le virus.
Depuis fin décembre, le gouvernement s’obstine à vacciner en priorité les plus de 75 ans au détriment des actifs. Je constate depuis des semaines dans ma patientèle que les personnes âgées s’auto-confinent et n’attrapent pas la maladie. Par prudence, à juste titre convaincues du danger, elles restent à domicile, ne vont qu’une fois par semaine aux heures creuses faire leurs courses, hésitent à voir leurs proches. Ce repli les protège naturellement. Aucun de mes anciens non vaccinés n’a contracté la maladie. À l’exception de deux d’entre eux. Par des soins à l’hôpital et par une visite d’une aide-soignante positive au Covid.
Les malades du Covid de ma patientèle sont presque tous des professionnels en activité. Ils l’ont tous attrapé pendant les interactions sociales du travail, dans leur grande majorité avec peu de symptômes, sauf parfois parmi les plus de 50 ans ou ceux atteints de comorbidité.
La conclusion est simple : pour gagner de vitesse la nouvelle vague des variants il faut vacciner les actifs, avec en priorité l’ensemble des soignants et les professionnels de plus de 50 ans ou atteints de comorbidité. le contraire de ce qui a été fait pendant tout le mois de janvier, (avec une exception notable pour les médecins de plus de 50 ans). En se polarisant encore une fois sur les plus de 75 ans, nous avons perdu un précieux mois contre les variants, que nous ne rattraperons pas.
2/ Ne pas avoir rendu le vaccin obligatoire, en particulier pour les soignants.
Comment des soignants peuvent-ils refuser de se faire vacciner contre le Covid ? Toujours plus de droits, toujours moins de devoirs. C’est l’évolution de la société. Bien sûr les deux tiers des soignants ne sont pas contre se faire vacciner mais il manque une émulation, celle par exemple de nos chefs donnant l’exemple en se vaccinant tous dès le premier jour. Sans ce caractère obligatoire de la vaccination, pas de dynamique. Imaginons ceux de la Marne en 14 partant à l’assaut en option car il faudrait les persuader de la bonne idée de se lancer face aux balles ennemies ! Macron nous dit que c’est la guerre… On est passé de « suivez-moi ! », à « allez-y, si vous voulez ».
Les vaccinations ne sont-elles pas obligatoires (Hépatite B, etc.) pour les soignants ? Pourquoi le Covid ferait exception dans le contexte actuel ? Soit on considère que le virus est particulièrement dangereux soit on considère que tout devient relatif.
S’agirait-il pour les décideurs d’une peur d’endosser leurs responsabilités ? Imaginons des effets secondaires, on pourrait se retourner contre eux. 30 troubles de la coagulation pour 5 millions d’injections avec le vaccin AstraZeneca, cela suffit à bloquer l’élan des vaccinations pendant quelques jours. Ou bien la société serait-elle de plus en plus ingérable, entre syndicats et mécontentement ? De toute façon les contrats de livraison des vaccins ne sont pas respectés. Les vaccins sont vendus aux plus offrants ou thésaurisés par des pays concurrents.
Trop de retards stratégiques. Il va falloir vivre avec le virus.
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