À propos de l’entretien avec M. le Professeur Gérard Reach («Le Quotidien du Médecin», numéro 9949 du 1/7/2022 « La beauté de la médecine tient à ce qu'elle repose sur la rencontre » : enfin un article de médecine avec un grand « M » ; je veux dire par là, un article de médecine globale, même si l’auteur ne l'évoque pas et c’est au fond ce qui me gène ; ce mot « global » n’est pas employé car c’est trop risqué.
De même pourrions-nous dire qu’il n’y a pas de séparation entre le cœur et l'esprit ; l’organe est infusé par l’esprit est informé par organes, il en est donc modifié.
Et c’est ainsi que la prise en charge de cette globalité du patient permet, avec son aide, une dissolution de la maladie une reformation de l'être tout entier comme un changement de paradigme que nous appelons « guérison ».
Mais le mot « global » évoque trop les médecines douces et la médecine homéopathique qui, elle, s'inspire au plus haut niveau des philosophes et de la philosophie.
Reprenons les anciens : Claude Bernard : « il n’y a pas de séparation entre la physiologie et la psychologie. » Et antérieurement, Hippocrate : « la maladie est produite par les similaires, et c'est par les similaires que nous leur ferons prendre, que le patient reviendra de l’état de malade à l'état sain » … Effectivement, qu’est-ce qui fait que l’homme tombe malade, si ce n’est répondre à un langage qu’il comprend car il lui est identique ? Les micro-organismes sont à ce sujet très intelligents.
Mais les anciens se sont bien éloignés de l’« evidence based medecine », « triomphe de la médecine » si je reprends les mots de M. le Professeur Reach et que j'y trouverais bien un peu d'ironie (si je me référais à Romain Rolland auteur de « Knock, où le triomphe de la médecine ») mais pas trop ; en effet, peut-être ne peut-il incriminer une médecine au développement de laquelle il a participé, et au fond, la vérité se trouve dans l’équilibre des opposés ; nous sommes bien dans le monde créé donc duel. Mais l’« evidence based medicine » est selon moi plutôt le triomphe du pouvoir.
L'éthique vient toujours après les algorithmes
Si je reprends « le banquet » de Platon, Eryximaque, le médecin de la « bande » dit ainsi donc l’Amour inhérent à la partie saine est différent de l’Amour inhérent à la partie malade ; c’est, tout le monde l’admet, quelque chose de différent et de dissemblable. Or, le dissemblable recherche et aime le dissemblable. Et l’homéopathie ne veut pas dire « petite dose » mais « à souffrance similaire », ainsi que le dit Solange Lopez Vallespir, professeure d’homéopathie, dans son livre « El universo homéopatico ».
Donc quand un patient ne fait pas ce que je lui demande, il va falloir le considérer d’autant plus et me questionner : soit je n’ai pas compris ; soit je ne suis pas persuasif, car pas persuadé ; soit je propose une solution quand son temps n’est pas encore venu. Bref ! C’est moi et mes impossibilités… Alors, il faut se remettre au travail, d'où la philo qui enseigne la sagesse et la vigilance dans l’attente.
Je pense que cet article n'aurait pas sa place dans la rubrique « éthique » car elle vient toujours en dernier dans l’ordre du questionnement après les algorithmes et les calculs savants, alors qu’elle devrait être présente à l’esprit en permanence. Alors j’aurais passé l’article en « médecine courante » si cette rubrique existait.
Je citerai de nouveau Madame le Dr Lopes Vallespir : « je me permets un conseil au jeune médecin novice : croire au pouvoir de toute médecine même à celle du placebo, mais croire surtout en premier lieu au verbe qui peut guérir, car consulter en médecin est un véritable acte d’amour et je sais que l’amour n’est pas un sentiment mais une dévotion. »
Exergue : Les anciens se sont bien éloignés de l’« evidence based medecine »
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