Votre mise au point sur les protagonistes de l’hydroxychloroquine (« Le Quotidien » n° 9879) sera probablement très commentée. Pour moi, elle met un terme à un emballement médiatique hystérique entretenu pas son initiateur - il n’est pas le seul – dont le résultat a été de faire perdre de vue à tous les protagonistes que la médecine n’est pas une science exacte, mais seulement un art qui utilise des instruments scientifiques.
Le « druide » de Marseille est un virologue et non un clinicien. Apparemment également, philosophe à ses heures. Que n’a-t-il fait référence à Karl Popper, et à son principe de réfutabilité qui écarte du domaine de la science toute idéologie (ou croyance) ? Les Sociétés Savantes (et non les plateaux de télévision) sont justement l’endroit où est pratiqué cet exercice.
Mais, ce qui m’a le plus heurté (et rendu furieux), c’est l’argument de ceux qui s’appuient sur la soi-disant obligation de proposer un traitement, et la sacro-sainte liberté de prescrire. À ceux-là je réponds : 1/ Ne pas prescrire de traitement est un traitement en soi, il suffit d’expliquer pourquoi. 2/ En tant qu’ex-chirurgien, aurais-je - devant une situation d’urgence inhabituelle – utilisé, voire inventé sur place, une méthode sans un minimum de preuve de son bénéfice ? 3/ Un exemple : les chirurgiens orthopédistes ont longtemps cru que l’ostéotomie de Mac Murray, pour coxarthrose, avait un effet bénéfique. Lors d’une séance de la SOFCOT (novembre 1975), la revue de milliers de cas, a démontré que c’était la Nature qui - bonne fille – fournissait grâce à l’immobilisation conjointe, le contingent (minoritaire) de bons résultats ! Ainsi va le progrès en médecine.
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr.
Appendicite et antibiotiques
La « foire à la saucisse » vraiment ?
Revoir la durée des études de médecine
Réformer l’Internat et les hôpitaux