Il y a quelques semaines de cela, la HAS s’est penchée sur la bonne pratique concernant les transfusions sanguines. En fait, cette réflexion émanait d’une problématique concernant la population française : nous manquons dans notre pays cruellement de sang. On comprend tout à fait cette démarche des pouvoirs publics qui ont été alertés du fait de cette situation critique.
Des professionnels très lucides
Cependant, les médecins travaillant dans les cliniques ou les hôpitaux (ce sont ceux qui sont en charge des transfusions sanguines) sont tout à fait conscients de cette problématique. Ainsi, il y a quelques mois de cela, un patient ayant une anémie ferriprive avec 7 g d’Hb a bénéficié d’une perfusion de fer plutôt que plusieurs culots globulaires. Autrement dit, les professionnels de santé ne sont pas aussi dispendieux que nous pourrions le penser, et il est probable que des consignes ont été données par les EFS (établissements français du sang) pour éviter des dérives pouvant engendrer des situations dramatiques.
Les anesthésistes et réanimateurs sont des soignants responsables et tout à fait conscients des enjeux en termes de santé publique qu’ils doivent observer de manière scrupuleuse. De ce fait, certains ont été quelque peu surpris par l’édition d’un code de bonne pratique car ils connaissaient parfaitement ces recommandations.
La nécessité d’un changement de politique
Il est important en période de vache maigre de se rationner, mais nous devons parallèlement nous poser la question : pourquoi existe-t-il un déficit aussi important en ce qui concerne les produits sanguins ? La population française vieillit, et de ce fait les médecins doivent composer avec cet état de fait qui impose parfois chez les patients très âgés et myélodysplasiques des transfusions répétées. On parle de la frilosité des citoyens suite à la difficile période engendrée par le Covid-19 qui restreindrait (ce n’est pas une donnée qui est parole d’évangile) la volonté de certains pour donner leur sang.
Cependant les pouvoirs publics ou plutôt les EFS devraient intervenir sur trois facteurs pour permettre de remettre à flot les stocks :
1/ On ne peut que louer le fait que les équipes en charge de la collecte viennent dans différentes localités au plus près du donneur. Cependant il est quelque peu désolant de voir que l’amplitude horaire de ces collectes est très limitée (chez nous elle est comprise entre 14 h 30 et 19 heures). Or les donneurs sont avant tout des actifs car les dons de sang se limitent aux personnes en activité professionnelle. Aucune ou de très rares propositions sont actées le samedi, période où les donneurs sont disponibles pour un grand nombre. De cette manière il aurait été possible d’augmenter les stocks.
2/ Depuis quelques années (début du Covid), on note que, pour donner son sang, il est impératif de s’inscrire sur le Net pour avoir une place, cela alors que les mesures concernant la protection se sont assouplies. Cette situation rebute certaines personnes qui ne connaissent pas d’avance leur disponibilité. On oublie en fait qu’il est avant tout impératif de se mettre à la disposition des donneurs et pas l’inverse pour que la fin des collectes soit bien définie et que les personnels puissent rapidement ensuite regagner leur lieu de vie. On parle de consultations non programmées pour les médecins, cela devrait être effectif pour les lieux de collecte de sang.
3/ Une communication plus effective est une nécessité car elle permet aux donneurs déjà connus de savoir les dates et les points de collecte. Il y a quelques années les donneurs (c’est mon cas) recevaient des infos concernant le jour d’arrivée de l’EFS dans ma commune, qui nous remerciait de notre don, mais cette pratique n’a pas perduré. La partie logistique de l’EFS en charge de la communication a-t-elle été réduite, ou a-t-elle d’autres missions ?
Aussi, avant de faire des publicités très onéreuses dans différents médias, il est avant tout important pour l’EFS de se dire que derrière les dons du sang nous avons des bonnes volontés bénévoles qui doivent être choyées, écoutées, et respectées. C’est de cette façon qu’il sera possible d’échapper à une pénurie qui n’est pas acceptable.
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Exergue : Derrière les dons du sang, il y a des bonnes volontés bénévoles qui doivent être choyées, écoutées, et respectées
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