De nombreuses voix s’élèvent pour imposer une permanence des soins ambulatoires hors période ouvrable pour les libéraux. En fait, depuis quelques années, celle-ci est assurée par des médecins volontaires. Le terme de volontaire est une notion qui est interprétée différemment en fonction des départements, et des zones rurales (ce sont celles qui sont le plus impactées par l’érosion du « volontariat »). En fait, au sein de certains secteurs, des médecins peu enclins à effectuer des gardes s'y voient obligés. En effet, du fait d’un manque très important de médecins assurant ce type de service, les préfets réquisitionnent certains « réfractaires » pour permettre aux Français d’avoir l’expertise professionnelle d’un médecin généraliste durant les périodes non ouvrables.
Cette situation est quelque peu perturbante pour les confrères non volontaires réquisitionnés. Ces derniers observent des cas où certains jeunes collègues peuvent s’affranchir sans réelle menace de ce type d’obligation, alors qu’eux se voient contraints, et parfois humiliés du fait de l’intervention de la force publique, de participer à cette permanence, alors qu’ils ne sont pas volontaires.
Au-delà de cette prise en compte, pas très juste pour certains, et très confortable pour d’autres, il est impératif de se pencher sur ce sujet qui est un poil à gratter pour l’exécutif est les Ordres médicaux.
Les raisons qui ont poussé au refus de participation à la PDS
Les médecins, il y a 30 ans de cela, se pliaient à la permanence des soins avec zèle pour plusieurs raisons : l’effectif médical qui était à cette époque pléthorique permettant un roulement « acceptable », et le nombre de volontaires (surtout parmi les jeunes installés qui pouvaient de cette manière enrichir leur patientèle peu fournie) était important. Cependant au fil du temps, les volontaires ont pris des cheveux blancs et certains ayant plus de 60 ans ont demandé une exemption – tout à fait concevable — du tour de garde, .
En parallèle, les jeunes générations de confrères souhaitent avoir une qualité de vie, et refusent de travailler pour certains au-delà des 35 heures des autres secteurs.
Or, compte tenu du nombre très faible de médecins libéraux, si nous voulons assurer, en plus du travail hebdomadaire un tour de garde, ils n’effectueront pas les 35 heures mais bien plus ; cela étant de surcroît imposé sur des actes réalisés pour assurer un service public. De plus, à une époque où les loisirs et la famille sont devenus des valeurs prônées par la société française, on ne comprend pas très bien pourquoi les jeunes confrères sacrifieraient leurs fins de semaine pour se déplacer au chevet de patients.
Des solutions à étudier
De quelle manière dans ce cas favoriser une attractivité pour la permanence des soins ? Plusieurs pistes sont discutées et méritent d’être prises en compte : le regroupement de secteurs de garde avec la possibilité de travailler en pluriprofessionnalité avec les sociétés d’ambulance pour amener les patients vers des maisons de garde - évitant de ce fait le déplacement des médecins ; l'amélioration de la rémunération des professionnels qui acceptent de faire des gardes tant sur les consultations réalisées que sur le forfait ; avec éventuellement défiscalisation lors de cette participation.
En ce qui concerne ce forfait, il est important de souligner que la Sécurité Sociale a mis en place un site pour permettre au médecin de valider sa participation au tour de garde. Malheureusement (et j’en fais les frais), certaines CPAM interfèrent sur cette interface pourtant privative, et valident, sans le consentement des médecins, les données de garde. Cette situation conduit certains professionnels à ne pas être rémunérés pour le service rendu à la nation.
Aussi est-il nécessaire avant de trouver des solutions pérennes pour assurer des soins de qualité 365 jours par an de s’assurer que ceux qui sacrifient leurs week-ends soient rémunérés de manière correcte, sans devoir réclamer leur dû.
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