Dans son livre « Les amours de Marie Curie », Claude Huriet nous prend à contre-pied. Nous croyons connaître Marie Curie, la plus célèbre des femmes scientifiques, austère, résignée, habillée de sa robe noire, au sourire rare et gardant un sérieux teinté de tristesse sous le poids des aléas et des contrariétés de la vie, et pourtant… Claude Huriet qui a présidé l’Institut Curie pendant douze années, nous fait découvrir une autre Marie Curie.
Dès les premières lignes, le lecteur est avide de connaître Maria Sklodowska surnommée Mania qui, à 16 ans, danse une nuit entière à en perdre le souffle et a eu un premier amour passionné et passionnel à 18 avec Kasimir au point d’envisager officiellement des fiançailles. Cet amour sincère et partagé fut contrarié par le père de la famille adverse. Claude Huriet, en bon médecin, nous dépeint la mélancolie profonde qui s’ensuit.
Son deuxième amour avec Pierre Curie se mêle avec celui de la science, aiguillonné par l’envoûtement des découvertes obtenues dans un effort commun : une période d’équilibre, de maternité, d’harmonie et de gloire partagée, recevant ensemble le Prix Nobel pour leur découverte de la radioactivité.
En proie à la vindicte populaire
Pierre Curie est écrasé par un cheval traînant un camion. Veuve, cinq années après l’accident mortel de son mari, elle connaît un troisième amour avec Paul Langevin. Bien que lauréate du Prix Nobel, elle est en proie à la vindicte populaire et la cible de la méchanceté des médias. Claude Huriet, de par sa carrière politique (il a été Sénateur pendant 18 ans), est un fin connaisseur des faiseurs d’opinions et des scandales montés de toutes pièces. Il nous fait vivre ces moments horribles pour « une étrangère » « voleuse de maris », « fatale étudiante venue de Pologne ».
Au cours de la même année, elle a reçu son deuxième Prix Nobel, récompense suprême des scientifiques, subissait le rejet des populistes et vivait un amour caché. Ce chapitre situé au milieu du livre est un grand moment. Sa famille, ses filles, la grande guerre, les académies hostiles ou bienveillantes, les combats, le féminisme… autant de mots, autant de facettes de son caractère.
Je n’en dirai pas plus car le lecteur mis en appétit par ces quelques évocations, se doit de découvrir les pages révélant la face cachée, sensible et sentimentale de Marie Curie. Une femme attachante, vivante, vibrante, bien loin des clichés habituels de la femme triste, fermée, et endeuillée de la fin de sa vie.
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