Je me permets de rebondir suite à l’excellent courrier des lecteurs (Refus de prolongation d’activité de praticien attaché : lettre ouverte à un directeur d'hôpital, 27/05/2022) de notre confrère, le Dr Van Egroo, gynécologue.
Ce dernier est blessé moralement par le fait qu’aucun dialogue n’ai jamais pu être établi entre sa direction et lui-même, mais aussi du fait de sa « mise à pied » de son hôpital (il y officie depuis plus de 20 ans), du fait de son âge (65 ans), alors qu’il aurait voulu poursuivre durant quelques années supplémentaires son travail au sein de cette structure.
Au-delà de cette réflexion tout à fait opportune se posent de nombreuses questions. Tout d’abord, nous voyons bien que deux entités travaillent ensemble au sein des hôpitaux, mais n’ont pas le même regard sur notre système de santé. L’administratif a une vision comptable et souhaite, avec les budgets alloués par l’exécutif, faire tourner avec le maximum d’efficience son hôpital. Pour ce faire, il rogne sur les dépenses, mais aussi sur les recrutements des professionnels de santé (actuellement ce n’est plus une priorité car le déficit est devenu abyssal du fait d’un manque total d’activité financière des hôpitaux) pour que sa balance comptable soit bien équilibrée.
Absence d'humanité
La lettre de notre confrère met en lumière un autre défaut de l’administratif : son absence d’humanité. Au travers de l’exemple du Dr Egroo, nous voyons qu’un directeur ne s’abaisse pas à dialoguer avec un gynécologue qui a une activité partielle au sein de son établissement et tout aussi difficile et ne remercie jamais les professionnels de santé qui s’investissent en rognant sur leur période de congés pour faire tourner un service. D’autre part, l’administratif est toujours rivé sur des règles administratives qu’il doit appliquer à la lettre, ce qui est à l’origine de l’exclusion d’un gynécologue de son hôpital car il avait atteint la limite d’âge.
Ce cas de figure est explicitement indiqué dans son vade-mecum de tout bon directeur d’établissement, et il s’emploie à appliquer cette consigne. Situation navrante qui est malheureusement celle vécue par de nombreux autres confrères qui notent souvent le mépris d’un personnel administratif parfois jaloux du statut et du travail des professionnels de santé.
N’est-il pas important dans ce cas de réformer ce système où l’administration hospitalière a un pouvoir décisionnaire trop important ? Ne serait-il pas utile de « dégraisser le mammouth » comme l’avait dit il y a quelques années un politique ?
Toujours est-il que je félicite de mon côté notre confrère qui est passionné par son métier, et l’exerce visiblement avec le plus grand zèle. En espérant qu’il pourra trouver une nouvelle branche pour s’asseoir, et partager ses compétences, dans une clinique, par exemple, avec les autres collègues.
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