Lorsque j’ai débuté une activité libérale, j’étais heureux d’exercer mon métier et je n’avais pas de dettes. Je quittais un internat prolongé à l’hôpital pour une autre aventure. Mes études avaient été financées par mes parents et, après le décès du second, par des gardes, cours aux lycéens, etc. jusqu’à un poste de FFI.
L’internat fut une belle école, peu m’importait de faire des gardes mal payées puisque je découvrais des situations d’urgence toujours différentes et captivantes. Le « cas intéressant » arrivait plus souvent en pleine nuit que sur rendez-vous en consultation hospitalière.
Rançon
Aujourd’hui pour prendre ma retraite je dois payer une « rançon » aux organismes sociaux, les patients qui consultent au cabinet considèrent mon agenda en ligne comme un jeu électronique, et lorsqu’ils me font l’honneur d’honorer leur premier rendez-vous, c’est trop souvent pour m’expliquer qu’ils subissent du harcèlement moral, sont en burn-out, ont été sauvagement agressés au travail sans témoin aucun et revendiquent un arrêt de travail.
S’ils ne repartent pas avec au minimum un arrêt de travail, ils sont nombreux à prétexter être venus sans moyen de paiement pour filer à l’anglaise. Si ces braves gens avaient 3 mois de carence pour leurs AT, ils seraient moins vindicatifs.
Curieusement, âgé de 66 ans, je ne me suis jamais arrêté pour maladie. J’ai repris une activité de consultations temps partiel à l’hôpital, les gens y sont plus malades qu’à mon cabinet ou le travail perd de sa saveur.
Bientôt je prends ma retraite, après avoir payé mes dettes créées par notre beau système social (les URSSAF). Si je prends un cumul emploi-retraite je risque d’être racketté par la CARMF : ce n’est bien sûr pas du racket au sens propre mais je le vivrai comme tel. Alors dans quelques mois je prendrai ma retraite à 67 ans sans cumul emploi-retraite, lassé de cotiser de nombreuses charges sociales pour d’autres qui en profitent avec bonheur : tant mieux si j’ai fait des heureux, mais cotiser après 67 ans pour être « retraité actif » et « pigeon actif », un jour vient ou cela suffit.
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