Il y a quelques jours de cela le ministre de la Santé (Le Quotidien du 15 septembre: «Olivier Véran : "On ne prend pas la direction de l’augmentation de la valeur du C"») a donné la ligne de conduite pour les futures négociations conventionnelles. Il n’exclut pas une éventuelle revalorisation des visites (cela sans réellement se prononcer en faveur de cette proposition). En ce qui concerne les consultations, il balaie d’un revers de main, cette idée.
Le fond du problème est de comprendre pourquoi M. Véran souhaite rétropédaler ; cela alors que ses prédécesseurs ne souhaitaient pas encourager les visites très chronophages pour les médecins qui ne pouvaient pas de ce fait absorber le flux des patients.
En y réfléchissant un petit peu, nous pouvons comprendre ce changement de position des pouvoirs publics. En fait les urgences sont saturées, le plus souvent suite à l’envoi des patients âgés ou ayant une pathologie aiguë qui ont été adressés via le réseau de transports sanitaires. Ces personnes ne peuvent se déplacer et, seule solution pour assurer une consultation nécessaire, une ambulance est dépêchée du fait de problèmes de mobilité ou d’absence de moyens de transport pour aller en consultation chez le médecin traitant.
Cette initiative est souvent effectuée à l’initiative des régulateurs des centres 15 qui ne trouvent pas d’autres solutions pour résoudre cette problématique. On peut comprendre le coût important, et l’incohérence de ce type de prise en charge. Cependant, il ne faut pas oublier que les médecins généralistes sont actuellement très sollicités pour effectuer les consultations au sein de leur cabinet. Leurs horaires de travail, du fait d’un déficit criant, sont très importants.
En revalorisant la visite, on va réduire les plages de consultation au sein des cabinets déjà surchargés, et on va favoriser les consultations au sein des urgences (mais cette fois sans transport) des patients n’ayant pas pu avoir de rendez-vous chez leur médecin. Les généralistes déjà épuisés par le quotidien, ne peuvent pas augmenter leur amplitude de travail.
Notre ministre a la volonté par ce moyen de limiter l’ire du personnel hospitalier mis à rude épreuve par la surcharge de travail. Aussi, pour désamorcer un futur conflit médiatiquement populaire, il est peu important de sacrifier la médecine libérale mal structurée et peu solidaire.
Il ne faut pas oublier que M. Véran est issu du cabinet de Mme Touraine ; ministère qui a toujours dénigré les médecins généralistes. Aussi, nous pouvons toujours rêver d’une éventuelle revalorisation de la consultation pour deux raisons : la situation économique difficile du pays ; et l’idée - toujours véhiculée par les médias et que les politiques développent également - que les médecins sont des nantis.
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr .
Appendicite et antibiotiques
La « foire à la saucisse » vraiment ?
Revoir la durée des études de médecine
Réformer l’Internat et les hôpitaux