Les pouvoirs publics incitent depuis quelques années les médecins à penser à un maillon faible de notre système de santé, mais très important : la prévention.
Aussi des tests pour réaliser un dépistage du cancer du côlon sont distribués, des mails recommandent à ces soignants d’effectuer un frottis ou de promotionner la réalisation d’une mammographie. Par ailleurs des actions médiatiques sont régulièrement diffusées : Octobre rose pour le dépistage du cancer du sein, janvier pour le mois sans alcool… Nous ne pouvons que féliciter de telles actions très louables. Depuis quelques années elles sont relayées par les municipalités (dans notre cité le conseil municipal a permis de ceindre d’une écharpe rose les statues de Maillol qui ne sont que des statues de femmes il faut le souligner). Tout irait bien si quelques notes dissonantes ne venaient perturber cette volonté qui est grandement justifiée.
La prévention du cancer du sein repose avant tout sur la réalisation d’une mammographie !
Dans toute action de prévention l’idée de nos décideurs est en priorité d’éviter une prise en charge tardive réduisant de ce fait la morbimortalité des patients. En ce qui concerne le dépistage du cancer du sein les patientes reçoivent une invitation pour effectuer cet acte de prévention. Les professionnels de santé sensibilisés à cette cause incitent parallèlement ces personnes à réaliser leur mammographie. Cet acte radiologique est lu par deux radiologues, un énorme avantage pour dépister les lésions malignes du sein. Malheureusement pour obtenir un rendez-vous dans notre département pour effectuer le dépistage, il est nécessaire de patienter plus de neuf mois.
Aussi les patientes ayant effectué leur dépistage sont incitées à téléphoner une année avant la réception de leur prochain dépistage. Par voie de conséquence les patientes doivent accepter le fait que le dépistage devienne « la dernière roue du carrosse » en ce qui concerne les différents actes réalisés dans les centres de radiologie. Comment peut-on promouvoir le dépistage du cancer du sein, cela alors qu’il est difficile de trouver un créneau pour avoir un rendez-vous « acceptable » ?
Autre enjeu de santé publique : la consommation d’alcool
Inciter à ne pas consommer des boissons alcoolisées de manière trop importante, un autre enjeu de santé publique. Les Français depuis quelques années sont invités à ne pas boire d’alcool durant le mois de janvier (Dry January). Une fois encore nous ne pouvons que nous féliciter une telle action. Cependant nous voyons que différents médias (presse écrite, mais aussi télévisuelle) n’ont pas de scrupules à parler de certaines manifestations en faveur d’une consommation d’alcool. Ainsi chaque année (théoriquement le 3e jeudi du mois de novembre) les différentes chaînes de télévision, mais aussi la presse écrite font la promotion d’un vin primeur : le beaujolais nouveau. Nombreux sont les citoyens qui vont déguster ce nectar, certains s’enivreront pour ne pas dire autre chose.
Un autre événement m’a quelque peu interloqué : Le champagne Day qui a eu lieu le 24 octobre 2024. Cet événement est né en 2009 à la suite d’une volonté affirmée d’un blogueur de Californie. Depuis cette époque de nombreux pays, dont la France, se sont associés à cette « fête ». Ces deux événements ne sont bien entendu pas relayés par les publicitaires, mais de manière subliminale au travers de reportages diffusés par les médias nous sommes mis au courant des dates de ces rassemblements. Autrement dit les médias, de manière détournée, favorisent une publicité pour la consommation d’alcool.
Au-delà de ces exemples (et il y en a d’autres) on comprend aisément qu’il soit souvent difficile d’avoir des résultats qui dépasseraient nos prévisions.
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