Courrier des lecteurs

Proximité ou sécurité ?

Publié le 30/05/2025
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Les députés ont choisi pour nos patientes, nos compagnes, nos filles : la proximité. Mais les faits sont têtus : en France une femme meurt tous les trois ou quatre jours parce qu’elle a été enceinte. En proposant un moratoire de trois ans, nous pouvons être certains de la pérennité de cet échec sociétal. La mortalité maternelle n’a pas diminué de façon significative depuis vingt ans alors comment pourrait-elle diminuer si nous ne changeons rien dans les trois ans à venir ?

Parmi les huit pays européens dotés de systèmes renforcés pour la surveillance de la mortalité maternelle (Danemark, Finlande, France, Italie, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni et Slovaquie), la France ne se situe malheureusement qu’au 5e rang : la mortalité maternelle à 42 jours y est de 8,5 pour 100 000 naissances alors qu’au Danemark (pays dont la mortalité maternelle est la plus faible), ce taux n’est que de 3,4 pour 100 000 naissances, soit deux à trois fois plus faible que chez nous. Et pire, en France, les enquêtes sur la mortalité maternelle rapportent une évitabilité globale de ces décès maternels estimée à au moins 70 %.

Sommes-nous sûrs que les femmes préfèrent la proximité à la sécurité ?

Le plus intéressant est que depuis les années 1990, le nombre de services de maternité au Danemark a diminué de moitié au fil des ans en raison de la centralisation des services de santé, visant à concentrer les ressources pour améliorer la qualité des soins. N’y a-t-il pas un exemple à suivre ?

À défaut de pouvoir démontrer que concentrer les ressources pour améliorer la qualité des soins permet de réduire la mortalité néonatale puisqu’en France il n’existe aucun registre national néonatal, tirons les leçons des enquêtes sur la mortalité maternelle. Ce qui est bon pour nos mères l’est certainement pour nos enfants… Mais d’ailleurs, sommes-nous sûrs que les femmes préfèrent la proximité à la sécurité ?

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Pr Patrick Rozenberg, gynécologue obstétricien, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF)

Source : Le Quotidien du Médecin