Voici l’avis d’un généraliste jeune retraité après 35 ans de médecine générale à la campagne. Notre système de santé depuis des années touche le fond. Tout est à repenser, qui l'eut cru ? Les généralistes, débordés il y a peu, ne voient plus personne. Comment est-ce possible ? La bulle éclate…
À force d’être injoignables (sur 17 appels à des généralistes, 15 répondeurs, expérience vécue). À force de tout faire par rendez-vous (10 minutes, 15 au mieux), le plus souvent reportés à 2, 3 ou 4 jours… À force d’attendre une demi-journée voire une journée pour obtenir certificat de décès… À force de ne plus assurer les gardes et la permanence de soins, de ne plus faire de visite à domicile, de ne plus assurer les semi urgences, telles coliques néphrétiques, entorses, fièvre chez un nourrisson… À force de réclamer des repos compensateurs, des maisons médicales clé en main payées par la collectivité, avec secrétaire et femme de ménage… À force de ne plus investir affectivement et de ne plus assurer le service… À force de recopier les ordonnances des spécialistes, sans prise de responsabilités, les généralistes se sont totalement déconsidérés et la population a appris à se passer deux.
Désormais, notre système de santé repose sur : les services d’urgence (débordés, naturellement), le SAMU, les pompiers, les infirmières (avec création d’un super diplôme), les psychologues et les pharmaciens. Et maintenant, l’apparition de sites Internet délivrant des consultations et arrêt de travail… Pour le généraliste, il reste la paperasserie : bons pour le spécialiste, bons de transport, certificats, arrêts de travail… Et un peu de pédiatrie non urgente…
Le comble est que les généralistes osent demander une aide de l’État pour manque à gagner pendant l’épidémie ! On a même vu aux actualités TV, une généraliste s'insurger parce que l’État ne lui avait pas fourni de masques ! Pourquoi pas le stéthoscope ou la voiture ? Au secours, ils sont devenus fous…
Il reste quand même des généralistes qui assument dans l’ombre (souvent à la campagne) leur rôle de médecin de famille, avec empathie, sens du service, ne comptant ni leur temps, ni leur argent… Ce sont eux les véritables héros. Pour combien de temps ?
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr .
Appendicite et antibiotiques
La « foire à la saucisse » vraiment ?
Revoir la durée des études de médecine
Réformer l’Internat et les hôpitaux