Il y a quelques jours de cela, je consulte en garde un patient de 40 ans qui présentait une douleur épigastrique en rapport avec une automédication en AINS. Compte tenu de son état clinique que je jugeais satisfaisant, je me suis contenté de lui prescrire un IPP.
Cependant, à mon grand étonnement ce dernier m’a expliqué que j’aurais pu penser, devant cette symptomatologie, au diagnostic de Covid-19. Pour étayer sa thèse il m’a alors dit qu’il avait de nombreuses fois consulté les réseaux sociaux, et les sites internet pour avoir des informations fiables sur ce sujet. C’est alors qu’il a pu apprendre que cette affection donnait de nombreuses manifestations cliniques.
Cet aparté lui a permis de me donner de m’instruire sur un sujet que je ne connaissais pas suffisamment à son goût. Néanmoins, j’ai pu être rassuré en ce qui concerne ma proposition diagnostic « quelque peu rapide et pas forcément étayé ».
En effet ce patient, compte tenu des conséquences graves que pouvait engendrer ce virus, a décidé d’effectuer un dépistage bihebdomadaire ; le dernier avait été effectué la veille de la consultation et était négatif.
C’est alors que je lui ai demandé comment il pouvait faire pour concilier les rendez-vous au laboratoire, et son travail. Il m’a alors répondu qu’il était en invalidité du fait d’une lombalgie chronique, et que cela lui permettait de se déplacer vers le laboratoire.
Tout cela m’a quelque peu irrité, et m’a conduit à me poser de nombreuses questions. Comment est-il possible d’accepter que des patients asymptomatiques puissent faire des dépistages sans qu’une limite ne soit fixée ? Qui va payer ? Et comment va-t-on payer les frais engagés par cette pratique en matière de dépistage ? Notre système de santé va-t-il continuer d’assurer les dépenses exorbitantes dues à des patients qui ne présentent pas de graves problèmes de santé ?
Bref, tout cela pour dire que le dindon de la farce dans ce genre de situation c’est le médecin. Il est corvéable à merci et travaille de manière intense (d’ailleurs, c’est ce que souhaite M. Macron qui avait émis l’idée de demander aux médecins de travailler jusqu’à 22 heures), cela pour devenir le contribuable préféré du centre des impôts. Ne serait-il pas nécessaire de redonner le goût du travail à nos concitoyens, et la rémunération en rapport.
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