Macron a relativement bien géré la crise sanitaire, si l'on excepte le ridicule épisode des masques. Le « quoi qu'il en coûte » a permis à beaucoup d'entreprises de survivre et les salaires ont été payés. La politique vaccinale a été également, après des débuts laborieux, satisfaisante. L'obligation de vaccination faite aux soignants, qualifiée de brutale et exploitée par les opposants, ne devrait pas prêter à discussion : plusieurs vaccins sont obligatoires et nul ne l'avait contesté jusque-là. Pourquoi faire exception avec la Covid ?
La polémique de l'hydroxychloroquine semble close. Aucune publication, exempte de biais et relue par les pairs, n'a pu montrer l'intérêt de ce traitement. Le plus étrange est l'engouement pour cette molécule de dirigeants populistes (Trump, Bolsonaro) ou de nos populistes français, dont l'un préconisait le vaccin chinois ou cubain. Toutefois, Trump, en bon homme d'affaires, a subventionné la mise au point d'un vaccin à ARN m, ce que nous n'avons pu réaliser en France : Lwoff, Monod et Jacob en sont à se retourner dans leur tombe ! Il est vrai que Sanofi est plus préoccupé par la vente de recettes connues que par la recherche.
En ce qui concerne l'exercice médical, Macron a hérité d'une situation qui n'est pas de son fait. Il faut remonter aux années 1990, où un Premier Ministre « droit dans ses bottes » a décrété qu'il fallait réduire l'offre de soins pour réduire également le déficit de la Sécurité Sociale (Mica et numerus clausus furent le mot d'ordre). Cette politique à courte vue, poursuivie, a abouti aux déserts médicaux d'aujourd'hui.
On a également appauvri régulièrement les médecins en ne revalorisant pas les honoraires et on a rendu plus difficile l'exercice quotidien par une inflation galopante de contraintes administratives. Les confrères qui utilisent un plateau technique en libéral sont également soumis à la pression de financiers qui petit à petit, mettent la main sur tout le secteur privé ; cliniques et Ehpad, système dans lequel ni le soignant ni le malade ne sont gagnants, seul l'actionnaire étant « bichonné ». On peut reprocher à Macron de ne pas avoir légiféré pour mettre un frein à cette dérive, qui, à terme va aboutir à la financiarisation de la médecine. On parle en effet de centres de soins mis en place par des « investisseurs ». Il a hélas poursuivi (et peut-être aggravé ?) dans le domaine médical la politique de ses prédécesseurs, qui a réduit à peu de chose la recherche médicale et appauvri l'Hôpital Public.
Mais les challengers populistes ne feront certainement pas mieux, leurs modèles se situant à La Havane, à Caracas ou à Moscou. Puissent nos syndicats médicaux se mobiliser pour obtenir une politique de Santé Publique débureaucratisée et digne d'un pays moderne.
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr.
Appendicite et antibiotiques
La « foire à la saucisse » vraiment ?
Tutoyer ou vouvoyer les jeunes adultes ?
Revoir la durée des études de médecine