Devant la situation désastreuse dans laquelle se trouve l'hôpital public pour répondre aux urgences, le Président de la FHF a estimé qu'il fallait rétablir l'obligation de gardes pour les médecins de ville afin de pallier la carence des services hospitaliers, ce qui n'a pas manqué de faire réagir tous les syndicats de médecins libéraux qui n'ont pas apprécié qu'un administrateur de la fonction hospitalière vienne leur donner des consignes.
Ses propos ont été d'autant plus mal accueillis qu'ils traduisent une méconnaissance de la globalité du problème des soins non programmés, et un certain mépris pour la médecine de ville qui, tout comme pour les administrateurs du ministère, n’est à leur avis, destinée qu’à traiter des pathologies mineures ou à être au service des autorités hospitalières. Le problème de ce que l'on appelle les urgences, pour simplifier les choses, mais qui est en fait le problème des soins non programmés, est plus à considérer comme un problème de société lié à l'évolution des mœurs (je veux tout, tout de suite), et à l'évolution de la pratique médicale tant sur le plan technique que démographique, que comme un problème corporatiste opposant les médecins libéraux aux médecins hospitaliers.
Vouloir rétablir un système de garde obligatoire pour les médecins de ville peut apparaître a priori, une solution pour éviter que les malades n’encombrent les services d'urgence hospitaliers pour des pathologies qui pourraient être traitées en ville, et qui ne nécessitent pas obligatoirement une hospitalisation. Cela permettrait aux autorités hospitalières de pouvoir faire fonctionner leurs services avec un nombre réduit de personnels et de lits, car le problème de l'hôpital public dans le domaine des urgences, comme dans les autres services d'ailleurs, est celui plus général du manque de lits et du manque de personnel, ce qui entraîne des fermetures durant l'été afin de pouvoir accorder des congés aux soignants sans avoir à les remplacer.
Ouvrir des centres de médecine de dépannage
Mais croire que des gardes obligatoires imposées aux praticiens de ville résoudraient le problème, procède d’une vision simpliste de l’environnement médical et sociétal. Nous ne pourrons pas revenir en arrière. Avec le numerus clausus qui a réduit de manière drastique le nombre de médecins, nombreux sont les malades sans médecin traitant, qui lors d'une pathologie aiguë ont recours à des services de dépannage comme SOS médecins ou aux services d'urgences hospitaliers.
De plus, le nombre réduit de jeunes médecins, et la féminisation de la profession, ont entraîné des modes d'exercice différents de ceux de leurs confrères plus âgés, qui effectivement prenaient des gardes en ville en plus de leur travail en cabinet. Mais ce temps-là est révolu, et il faut pouvoir donner une réponse rapide à ce que l'on appelle maintenant les soins non programmés qui encombrent les services hospitaliers d'urgence, mais que l'obligation de garde pour les médecins libéraux ne résoudra pas, et seule l'ouverture en ville de centres de consultations dédiés à ce type de pathologie (médecine de dépannage) pourra résoudre ce problème de manière efficace. Encore faudrait-il qu’il existe une volonté politique pour favoriser la mise en place de telles structures.
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