Dans une situation un peu différente du Dr Sylvie Cochard (« Comment quitter ses patients sans avoir l'air de les abandonner ? », « Le Quotidien du Médecin » du 15/12/2020), voici mon expérience. Après plus de 40 ans d'exercice, je comptais sans enthousiasme partir en retraite fin 2020 et commençais à le glisser à l'oreille de mes plus fidèles patientes.
La crise sanitaire, entraînant pendant plusieurs semaines la quasi-fermeture de mon cabinet, les contraintes de désinfection très chronophages, le risque de contamination à mon âge très supérieur à 65 ans et la crainte de contaminer mes proches m'ont fait arrêter mon activité plus tôt que prévu sans avoir eu le temps de prévenir grand monde. N'ayant bien sûr, pas de successeur, j'ai affiché sur mon cabinet une adresse mail et programmé sur mon répondeur la même adresse pour me joindre et transférer les dossiers aux confrères qui prendront le relais.
Je n'ai eu depuis de la part de mes patientes que des remerciements et des regrets très compréhensifs sur mon départ, avec de petits mots parfois très émouvants. Nous avons chacun une vie, avec de profonds changements, avec une période de remise en question de 10 ans environ, quelle que soit notre profession. Le temps n'est plus à toute une vie dans le même travail, dans le même lieu. L'essentiel, me semble-t-il, est de permettre un suivi, donner l'adresse de confrères en relais, transmettre les dossiers. Il est vrai qu'il s'agit d'une contrainte non négligeable, mais nos patients le valent bien. À ce prix, vous n'aurez aucun reproche de leur part. Je vous souhaite le meilleur pour votre nouvelle vie.
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