Il y a quelques semaines de cela, la presse professionnelle, mais aussi générale, a relayé un message concernant une proposition de poursuite d’activité professionnelle au-delà de l’âge statutaire de la retraite pour les médecins libéraux (Le Quotidien du Médecin du 7/09/2022). C’est ainsi que le Haut Conseil pour l’Avenir de l’Assurance maladie (Hcaam) a proposé « pour garantir à tous des soins de qualité » que les libéraux puissent travailler au-delà de 65 ans.
De cette manière on freine très partiellement la pénurie de soignants dans certaines zones pouvant, suite à un départ légitime, du fait de la retraite, en être dépourvus. Une telle annonce a été accueillie sans de réelles remarques ou contestations de la part des professionnels de santé et des citoyens qui, pour un grand nombre, se disent très attachés à leur médecin de famille.
Il est vrai que certains confrères adhèrent à cette proposition, certains appliquant d’ailleurs cette mesure avant même de recevoir ce message.
Cette situation doit nous amener à nous poser certaines questions :
1/ Pourquoi la population française n’est pas solidaire en ce qui concerne le chapitre de la retraite des médecins libéraux qui sont à leur chevet ?
2/ Pourquoi rester muet suite à cette proposition alors que l’idée même d’un report de l’âge de la retraite au-delà de 62 ans pour les salariés est à l’origine d’une levée de boucliers ?
En tout état de cause, nous voyons bien, au travers de cette annonce, qui flatte bien un électorat en mal de praticien, que les libéraux ne sont pas les professionnels les plus aimés de notre société.
Du fait de leur importance capitale pour assurer des soins auprès des Français, on ne rechigne pas à leur proposer de travailler plus longtemps.
La vielle garde est consciente des problèmes engendrés par la pénurie médicale, et nombreux sont les praticiens (qu’ils soient généralistes ou spécialistes) qui se sacrifient pour « sauver leurs congénères ». Ce choix est souvent édicté par un sens affiné des valeurs qu’ils veulent pérenniser, au travers du renoncement concernant une retraite pourtant bien mérité.
Nous ne devons pas oublier que le médecin libéral ne compte pas ses heures, et il enchaîne le plus souvent des journées interminables avec des horaires démentiels. Que dire de certains agents de l’État ayant des privilèges très importants, et une retraite qui est indexée sur une base bien plus attractive que le médecin libéral ?
Et c’est là où le bât blesse car nous devons tous être égaux vis-à-vis de la retraite !
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr .
Exergue : Pourquoi la population française n’est pas solidaire des médecins libéraux en ce qui concerne le chapitre de la retraite ?
Appendicite et antibiotiques
La « foire à la saucisse » vraiment ?
Revoir la durée des études de médecine
Réformer l’Internat et les hôpitaux