Membre du bureau du groupe éthique des hôpitaux de mon département des Hautes-Pyrénées, il est de mon devoir de pousser à la réflexion afin de réagir au futur projet de loi sur l'euthanasie. Mieux vaut tard que jamais. Le " droit à mourir dans la dignité" nous dit-on ? Méfions-nous, au regard de l'évolution des mentalités et des règles de moralité, que ce droit à mourir ne devienne, tôt ou tard, un "droit à donner la mort". Le plus étrange, dans ce futur débat, c'est qu'aucune information, à ce jour, ne soit donnée sur les lois Claeys-Leonetti. Mon expérience du terrain, loin des sphères administratives et ministérielles me permet d'affirmer la méconnaissance quasi générale, pour un large public, des DIRECTIVES ANTICIPEES permettant, à tous ceux qui le souhaitent, de mourir dans une vraie dignité. Qui plus est, chacun peut, quand il le désire, les modifier. Il y a aussi la possibilité de désigner, si besoin, la personne dite « de confiance ». Globalement, si les personnes qui nous gouvernent mettaient autant de ferveur et de zèle à informer les patients sur ces lois Claeys-Leonetti, comme elles le font pour les vaccins Pfizer, il est clair que bon nombre de gens se poseraient alors la question de la pertinence d'une future loi sur l'euthanasie.
Pour avoir personnellement assisté en direct et avec d'autres confrères médicaux et paramédicaux à un acte d'euthanasie visionné depuis la Belgique, j'avoue que « le mode opératoire » (j'allais écrire « exécution ») réalisé dans un temps record de quelques secondes par les deux médecins présents, est insoutenable et ne ressemble en rien à « un droit à mourir dans la dignité ». Quelques-uns d'entre nous, blêmes, ont quitté la salle, certains en vomissant et la plupart en affirmant « jamais ça de la part d'un médecin normalement constitué ».
J'avoue ici avoir moi-même aidé les personnes en fin de vie qui l'avaient décidé, à mourir doucement et calmement dans le strict respect des lois en vigueur dans notre pays. C'est tout à fait possible mais cela prend du temps, de l'énergie, et une bonne dose d'humanité. C'est la moindre des choses et un devoir moral quand on exerce notre métier. À défaut, cela pourrait ressembler à de la médecine vétérinaire ( et je pèse mes mots).
Il semblerait, fort heureusement, que les règles soient différentes en Suisse. Le plus inquiétant est que ce dossier serait d'ores et déjà soumis à l'avis des "fameux" cabinets de Conseil afin que nos responsables du ministère le fassent valider par le non moins fameux Conseil Constitutionnel : « Vous avez dit conflit d'intérêts ???.» Médecin je suis, médecin je resterai, fier du serment d'Hippocrate, quoiqu'il m'en coûte, y compris celui du droit de désobéir si ma conscience me l'ordonne. À bon entendeur ...
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