Durant le confinement imposé du fait du COVID-19, nous avons été très surpris par le comportement de certains agents et responsables départementaux des services publics. La poste a surfé sur cette vague à merveille. Nombreuses ont été les communes reculées qui n’ont pas eu de courrier ou de manière très épisodique, et les bureaux de poste ont été fermés durant de nombreuses semaines. Tout aussi déstabilisant a été la présence en pointillé du facteur qui avait pour tâche de s’assurer de la bonne santé de certaines personnes dépendantes. Ce service payant est une des attributions régulièrement développée depuis quelques années avec fierté par la Poste.
En ce qui concerne notre commune, il était impossible pour les personnes âgées de retirer des espèces au guichet, et pire, le distributeur de La Poste était vide. Cette situation a conduit le maire de notre cité de 5 000 habitants à affréter un bus pour que les administrés puissent se déplacer vers une plus grande ville. Je ne parle pas de la SNCF qui avait très fortement réduit l’offre de trajets (elle était quasiment inexistante).
En comparaison, des professionnels comme les médecins et paramédicaux n’ont pas, pour la très grande majorité, démérité. Ils sont restés disponibles pour assurer les soins urgents, et ont poursuivi leur activité professionnelle, au péril de leur vie pour certains.
Actuellement, les différentes vagues de cette terrible pandémie sont presque oubliées par nos concitoyens qui tentent de vivre normalement (malgré un risque potentiel que nous ne devrions pas occulter). La vie a pu reprendre, mais force est de constater que certains services publics en ont uniquement le nom, et s’acquittent encore très difficilement de leur fonction.
Ainsi, le journal « Le Monde » a épinglé la SNCF. De nombreux usagers ont manifesté leur colère auprès de ce journal soulignant le mépris de cette entreprise publique, à l’origine de suppressions régulières de trains ou de retards fréquents, sans avertissement. Les responsables de la SNCF ont répondu que ces retards étaient liés à la vétusté des lignes, mais aussi aux difficultés de recrutement de conducteurs. On comprend très bien le second argument, mais parler de vétusté alors que certains trains circulent, cela ne peut que nous laisser rêveur. Les journalistes du « Monde » ont expliqué les raisons de ces suppressions : une grève perlée du personnel qui décide, en fonction de son état d’âme, de ne pas venir travailler. La raison évoquée est celle d’un travail harassant et des horaires à rallonge, cela alors que la direction est souvent très bienveillante sur ce sujet.
Les libéraux assurent davantage
J'éviterai toute critique à l’égard des confrères hospitaliers qui sont une exception en ce qui concerne le service public. En effet, ils assurent de manière correcte et généralement avec beaucoup de zèle leur fonction, cela souvent avec une colère froide du fait d’administratifs dans certains cas peu respectueux de leur fonction.
Mais penchons-nous sur la situation des libéraux. Ils sont souvent fustigés du fait de leur absence de participation à la permanence des soins (or les gardes sont assurées dans de nombreux secteurs). Fréquemment, nos concitoyens oublient que du fait de la pénurie de soignants la charge de travail de ces médecins devient excessive et les met sous pression. Même si parfois ils sont fatigués, la grande majorité ne rechigne pas à majorer leurs amplitudes horaires (bien au-delà de 50 heures). Ils acceptent de nombreuses missions pour le bien public, et assurent des fonctions qui vont fréquemment au-delà de leurs prérogatives car ce sont avant tout des humanistes.
Au décours de nos consultations, nous prenons en compte les conséquences d’un dysfonctionnement des services publics (cela concerne surtout la SNCF). Ainsi certains adolescents redoutent un absentéisme, favorisé par une absence de transport vers le chef-lieu de notre département. Cela peut compromettre leur avenir professionnel et génère une véritable anxiété. Tout aussi difficile à accepter : le malaise des étudiants de 4e année qui viennent en stage en milieu rural, et ne peuvent compter sur le train pour être acheminés en temps et heure. De ce fait, alors qu’ils ne gagnent que 200 € par mois, ils sont contraints de trouver une solution plus onéreuse pour venir sur leur lieu d’étude.
Dans ce contexte, alors qu’on ne cesse de critiquer les médecins libéraux, on oublie très souvent qu’ils assurent un service public que certaines structures dédiées ne satisfont que très partiellement. Les pouvoirs publics doivent rappeler aux fonctionnaires qu’ils sont au service de l’État ! Ce n’est pas aux libéraux d’assurer cette fonction, et ce même s’il est fréquent qu’ils s’acquittent de cette tâche avec un maximum de professionnalisme !
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