Après un premier épisode de péricardite aiguë, les rechutes sont fréquentes (20 à 50 %). Le pronostic à long terme des formes idiopathiques de péricardites aiguës récidivantes reste très bon puisque le risque de constriction est estimé, au sein d’une cohorte de 500 patients suivis pendant une médiane de 72 mois, inférieur à 5 %.
L’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont les traitements de base d’un épisode de péricardite aiguë et doivent être utilisés jusqu’à disparition complète des symptômes et normalisation des marqueurs biologiques d’inflammation. Les indications de la corticothérapie sont restreintes aux cas avec intolérance, contre-indication ou véritable échec des AINS ; il faut alors utiliser des doses modérées à faibles de corticoïdes, avec une décroissance très lente limiter le risque de corticodépendance. D’autres alternatives thérapeutiques ont été proposées de façon plus rare, notamment Azathioprine, Immunoglobulines intraveineuses, antagonistes des récepteurs de l’interleukine 1 ou d’autres immunosuppresseurs.
Les cliniciens ont été pendant très longtemps sceptiques quant à l’utilisation de la Colchicine dans le traitement des péricardites aiguës. L’étude COPE a montré, à partir de 120 patients ayant eu un premier épisode de péricardite aiguë, que la Colchicine, utilisée pendant 3 mois en association aux traitements conventionnels, diminuait significativement la fréquence des récidives et la persistance des symptômes 72 heures après le début. Un second essai plus récent, ICAP, a confirmé l’efficacité de la Colchicine associée aux AINS dans le traitement de la péricardite aiguë. Cet essai multicentrique en double aveugle a randomisé des patients avec une péricardite aiguë pour recevoir pendant 3 mois de la Colchicine ou du placebo, en association aux AINS. Le critère primaire, péricardite récidivante ou non contrôlée, était noté chez 20 patients (16,7 %) du groupe Colchicine versus 46 patients (37,5 %) du groupe placebo (p<0,001). La Colchicine a permis également de diminuer significativement la fréquence des symptômes persistants au 3e jour, le nombre de récidives par patient et la fréquence des hospitalisations, alors que parallèlement elle augmentait la fréquence des rémissions à une semaine. L’ensemble de ces travaux prospectifs contrôlés ont donc bien validé l’intérêt de l’association Colchicine-Aspirine/AINS dans la prise en charge du premier épisode de péricardite aiguë.
Toutefois, jusqu’à une période récente, la prise en charge thérapeutique des péricardites aiguës récidivantes (› 2 épisodes), restait mal définie. Les premières données intéressantes venaient d’essais non randomisés. Puis l’étude CORE a inclus 84 patients présentant une péricardite aiguë récidivante. La Colchicine utilisée pendant 6 mois, associée aux traitements conventionnels, a permis de diminuer significativement la fréquence des récidives à 18 mois [24 % versus 50,6 % (p<0,022)]. Puis, l’essai CORP, prospectif, randomisé, en double aveugle contre placebo, multicentrique, a démontré l’efficacité et la tolérance de la Colchicine chez 120 patients présentant un premier épisode de récidive de péricardite.
Enfin, très récemment, l’étude CORP-2, multicentrique, double aveugle, randomisée a évalué l’efficacité et la tolérance de la Colchicine pour traiter les patients qui avaient plus de deux épisodes de péricardite aiguë récidivante. Les patients étaient randomisés pour recevoir soit de la Colchicine soit du placebo, en association aux AINS. Le critère primaire, récidive de péricardite, était noté dans 21,6 % des cas du groupe Colchicine versus 42,5 % des cas du groupe placebo (réduction du risque relatif : 0,49 ; nombre de patients à traiter : 5). La Colchicine permettait également de diminuer significativement la fréquence des symptômes persistants au 3e jour, du nombre de récidive par patient, et le nombre d’hospitalisations, tout en augmentant la fréquence des rémissions au 8e jour. Les effets secondaires et les arrêts de traitement étaient similaires dans les deux groupes.
L’ensemble de ces études permet donc d’affirmer l’intérêt de la Colchicine en association aux AINS/aspirine, dans le traitement des péricardites aiguës, lors du premier épisode ou dans le contexte des péricardites récidivantes, rendant cette molécule incontournable (sauf contre-indication ou intolérance).
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