Dans les 5 ans d’intervalle de suivi de la cohorte de l’étude ENTRED, les diabétiques traités ont connu une baisse de mortalité, mais ils gardent un sur-risque de décès par rapport aux non-diabétiques surtout en terme cardiovasculaire mais aussi carcinologique. Des données publiées dans un récent BEH (1).
Deux cohortes d’adultes âgés de 45 ans traités par antidiabétique ont été constituées à partir des études Entred 2001 et Entred 2007. Le suivi a concerné les périodes 2002-2006 et 2007-2012. Les auteurs ont comparé les taux de décès des personnes diabétiques entre les deux périodes de suivi.
→ Le sur-risque de décès par rapport à la population générale est estimé à + 34 % chez les hommes et de + 51 % chez les femmes. Entre les deux périodes de l’étude, les hommes enregistrent une baisse de mortalité de 26 % et les femmes de seulement 11 %. Les hommes ont essentiellement bénéficié d’une baisse de la surmortalité cardiovasculaire de 30 %. Ce n’est pas le cas pour les femmes où l’excès de mortalité cardiovasculaire reste stationnaire entre les deux périodes. Les auteurs écrivent : « il est probable que ces évolutions favorables du niveau de risque vasculaire soient en partie responsables d’une baisse de la mortalité ». Le tabagisme, une moindre activité physique, l’obésité et un effet propre plus délétère du diabète chez la femme contribueraient majoritairement à la stagnation de la surmortalité féminine dans sa composante cardiovasculaire.
→ Plus surprenant, les hommes comme les femmes diabétiques subissent à 10 ans un excès de mortalité par cancer significativement plus élevé par rapport à la population générale pour certaines localisations : pancréas, foie et côlon-rectum. Les auteurs notent : « dans notre étude, les maladies de l’appareil digestif sont fortement associées à un excès de mortalité des personnes diabétiques. En particulier, les maladies graves du foie (cirrhoses, fibroses et hépatites chroniques) entrainent une surmortalité globalement doublée, voire plus que triplée chez les femmes, comme cela a été décrit dans des études internationales ». En cause : alcool, stéatose hépatique, intolérance au glucose, effet protumoral de l'hyperinsulinémie et des complications de l’hyperglycémies. Chez les femmes, il existe une surmortalité par cancer de l’utérus et chez les hommes un excès de risque de décès par cancer de la vessie et par leucémie. A l’opposé, il existe une sous-mortalité non significative par cancer de la prostate à 10 ans comme à 5 ans. L’étude ne met pas non plus en évidence chez les femmes un excès de mortalité par cancer du sein, suggérant un bon pronostic de survie dans cette localisation. Par ailleurs, un haut niveau de mortalité est de nouveau pointé pour les maladies infectieuses et les maladies respiratoires, en particulier les pneumopathies.
→ Ce travail renforce encore l’importance de la prise en charge du diabète dans une perspective préventive à long terme en mettant en exergue les répercussions multiples qui complexifient, si besoin était, la prise charge multifocale.
1- Mortalité liée au diabète en France. Numéro thématique. BEH N° 37-38 - 8 novembre 2016
Cas clinique
Le prurigo nodulaire
Étude et pratique
HTA : quelle PA cible chez les patients à haut risque cardiovasculaire ?
Mise au point
Troubles psychiatriques : quand évoquer une maladie neurodégénérative ?
Étude et pratique
Complications de FA, l’insuffisance cardiaque plus fréquente que l’AVC