J'EXPLIQUE
› D'où vient la douleur ? Dans 50 % des lombalgies communes, la cause précise des douleurs ne peut être établie. Plusieurs structures anatomiques peuvent être atteintes par des processus mécaniques ou inflammatoires. La dégénérescence du disque intervertébral liée au vieillissement compromet la production de protéoglycanes à l'origine des propriétés mécaniques du disque. La capsule des articulations inter-apophysaires postérieures étant innervée, l'atteinte arthrosique peut entraîner des lombalgies. La douleur peut aussi provenir de l'atteinte du ligament vertébral commun, des ligaments périrachidiens, du contact de deux apophyses épineuses entre elles, d'un spondylolisthésis, d'une atteinte musculaire, ou encore de phénomènes inflammatoires au sein d'un corps vertébral au niveau de la partie de la vertèbre adjacente à un disque intervertébral dégénératif.
› Pourquoi ne pas radiographier immédiatement ? Si l'interrogatoire et l'examen clinique n’identifient pas d'éléments en faveur d’une lombalgie spécifique (AEG, ostéoporose, néoplasie, …), la réalisation de radiographies n'est pas recommandée. La corrélation entre l'importance des symptômes et les signes radiologiques est mauvaise. Et la réalisation prématurée d’examens aboutit inéluctablement à la description de lésions anatomiques dégénératives qui peuvent inquiéter inutilement le patient.
On ne demande pas d’examens d’imagerie de routine dans les 7 premières semaines d’évolution, sauf si le traitement choisi – infiltration – l'exige (3).
›Pas de repos au lit en cas de lombalgie aiguë ou de lombosciatique aiguë (3 ; 4). Ses effets bénéfiques ne sont pas démontrés, et il favorise la persistance des douleurs, de l'incapacité et l'évolution vers la chronicité (2). Ce repos ne sera envisagé que si l'intensité des douleurs le nécessite, et pour la durée la plus courte possible.
›La lombalgie commune ne correspond pas à une maladie grave sous-jacente, et son évolution à long terme est généralement favorable malgré les récidives (4). En cas de lombosciatique par hernie discale, le ramollissement spontané de la hernie permet d'espérer une amélioration de la douleur en quelques semaines, voire une guérison. Le traitement conservateur a pour but de soulager la douleur en attendant cette évolution.
JE PRESCRIS
› Un traitement antalgique efficace doit être proposé, pour obtenir l’adhésion du patient au projet thérapeutique et pour permettre la poursuite des activités. Les classes thérapeutiques recommandées sont le paracétamol et les AINS, éventuellement associés à un myorelaxant (4). À prendre de préférence à intervalles réguliers. Attention à ne pas associer deux AINS, obtenus l'un sur prescription, l'autre pris en automédication. Les antalgiques majeurs ne sont justifiés que dans les formes hyperalgiques (lombosciatiques) et pour une durée brève. Prescrits plus de 7 jours, ils sont significativement associés à l'évolution prolongée des lombalgies aiguës(2).
›Le maintien de l'activité est essentiel, car il évite le déconditionnement et la désinsertion professionnelle consécutive à un arrêt des activités ou à un arrêt de travail prolongé. Attention également à ne pas mettre la lombalgie sur le compte de contraintes physiques professionnelles, dont la littérature peine à démontrer la responsabilité sur la survenue des lombalgies (2).
› Concernant la kinésithérapie, la réalisation d'exercices spécifiques (renforcement musculaire, stretching, exercices en flexion et en extension) n'est pas recommandée (4). Les manipulations rachidiennes peuvent améliorer la douleur mais n'ont pas d'effet significatif au-delà de 6 semaines. Contre-indiquées en cas de déficit neurologique, elles peuvent être proposées aux patients ne pouvant reprendre leurs activités quotidiennes (4). Les massages, la stimulation nerveuse transcutanée, l'acupuncture, les thérapies comportementales ne sont pas indiquées (4).
J'ALERTE
› Reconsulter en cas d'apparition de signes neurologiques : déficit moteur, incontinence ou rétention urinaire, incontinence anale, troubles de l'érection, ces signes témoignant d'un éventuel syndrome de la queue-de-cheval. Idem en présence d'une lombalgie hyperalgique résistant au traitement antalgique, ou encore en cas de fièvre.
› L'évolution naturelle d'une lombalgie aiguë est la disparition de la douleur dans un délai inférieur à 4 semaines (1). Si la douleur persiste malgré le traitement, il faut donc reconsidérer la question et envisager une prise en charge spécialisée d’éviter le passage à la chronicité.
Étude et pratique
HTA : quelle PA cible chez les patients à haut risque cardiovasculaire ?
Mise au point
Troubles psychiatriques : quand évoquer une maladie neurodégénérative ?
Étude et pratique
Complications de FA, l’insuffisance cardiaque plus fréquente que l’AVC
Cas clinique
L’ictus amnésique idiopathique