C’est une nouvelle recommandation qui devrait réduire le recours au vaccin anti-Covid-19 de Moderna (Spikevax) dans certaines populations, tout en favorisant son utilisation dans d’autres publics. La Haute Autorité de santé (HAS) vient de déconseiller Spikevax chez les moins de 30 ans tout en autorisant le rappel avec ce vaccin chez les adultes plut âgés.
Pour rappel, dans l’Hexagone, le sort du vaccin de Moderna demeurait en suspens depuis plusieurs semaines. Et ce, surtout chez les jeunes.
Davantage de myocardites post-vaccinales avec Spikevax qu'avec Comirnaty
En effet, si en Europe, les myocardites et les péricardites font officiellement partie de la liste des effets indésirables « très rares » des vaccins à ARNm survenant surtout chez les jeunes hommes, début octobre, des données suédoises ont suggéré un « lien particulièrement clair en ce qui concerne le vaccin Spikevax de Moderna ». Si bien que le pays scandinave a décidé, par précaution, de suspendre l’utilisation de ce vaccin chez les jeunes adultes et adolescents nés après 1991.
Des soupçons depuis corroborés par des données françaises. Dans l’Hexagone, les Centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) ont fait état il y a deux semaines d’un risque de myocardite significativement plus important avec Spikevax qu’avec Comirnaty. Dans le même esprit, une étude de pharmaco-épidémiologie du groupement d’intérêt scientifique (GIS) Epi-Phare a confirmé lundi, chez les moins de 30 ans un nombre de cas de myocardites et de péricardites certes faible mais près de cinq fois plus élevé avec le vaccin de Moderna qu’avec celui de Pfizer.
À noter que ce travail, qui ne remet pas en question le rapport bénéfice/risque du vaccin, soulignait cependant que si les jeunes hommes semblent particulièrement concernés par les myocardites et péricardites post-vaccinales, les femmes de la même tranche d’âge sont aussi touchées.
Privilégier le vaccin Pfizer chez les moins de 30 ans
Au total, face à ces résultats mais aussi à la grande efficacité de Comirnaty et au manque de recul qui persiste sur le risque de myocardites (sur lequel l’Agence européenne du médicament (EMA) doit elle aussi se prononcer), la HAS se positionne en défaveur de l’utilisation de Spikevax chez les jeunes.
En fait, l’instance préconise, chez les adolescents et les jeunes adultes, de privilégier Comirnaty autant que faire se peut. « La HAS recommande, pour la population âgée de moins de 30 ans et dès lors qu'il est disponible, le recours au vaccin Comirnaty® qu'il s'agisse de primo vaccination ou du rappel », insiste-t-elle dans un communiqué publié lundi soir.
Spikevax « particulièrement intéressant » chez les sujets vulnérables
Mais cette réserve sur l’utilisation de Spikevax chez les jeunes n’a pas lieu d’être chez les adultes plus âgés. Au contraire, l’autorité sanitaire encourage le recours à ce vaccin chez les 30 ans et plus, et plus encore chez les sujets particulièrement vulnérables à l’infection à SARS-CoV-2. « [Le vaccin de Moderna] se révèle particulièrement intéressant pour les personnes à risque de forme grave de Covid-19 », soutient-elle. D’après l’instance, plusieurs études conduites en vie réelle auraient en effet suggéré une efficacité vaccinale légèrement supérieure pour Spikevax par rapport à Comirnaty, dont l'efficacité est déjà très élevée.
Une invitation à utiliser Spikevax chez les plus de 30 ans qui vaut non seulement pour la primo-vaccination, mais également pour le rappel. Tandis que la HAS avait par précaution suspendu temporairement les rappels de Spikevax dans toute la population suite à l’alerte suédoise, l’autorité revient finalement sur cette décision. Deux semaines environ après que l’EMA a officiellement autorisé le rappel avec une demi-dose de ce vaccin, « la HAS recommande [elle aussi] que le vaccin Spikevax® […] puisse être utilisé […] pour l'administration d'une dose de rappel en demi-dose (50 µg) » chez les plus de 30 ans, même vaccinés par un autre vaccin.
Plus généralement, pendant ce début de période hivernale marqué à la fois par une reprise épidémique et par une « baisse prévisible de l’efficacité des vaccins », la HAS insiste sur « l’utilité » de la dose de rappel contre les formes graves. D’autant que des études récentes « confirment une baisse au cours du temps de l'efficacité de la primo-vaccination observée en vie réelle contre les infections à SARS-CoV-2 » et « montrent qu'une dose de rappel est efficace pour réduire à la fois la transmission et le risque de forme grave, quel que soit l'âge ».
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