DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE PATIENT a été récupéré de justesse : c’était un choc anaphylactique ! Les deux infirmières qui se sont prêtées au jeu de cette simulation ont enchaîné les bons gestes, et rapidement appelé deux médecins en renfort. En moins de dix minutes, le mannequin/patient, porteur d’une fracture à la jambe, et qui devait initialement entrer au bloc opératoire lorsqu’il a fait ce choc allergique lié à l’administration d’un antibiotique, a été en arrêt cardio-respiratoire, puis massé, intubé et ramené à la vie.
« J’avais déjà effectué des simulations mais sur des scénarios préétablis ; ici, j’ai eu le sentiment de vivre les choses réellement », a analysé le médecin senior participant à la simulation. Pour lui, la coordination de l’équipe n’a pas été trop mauvaise, « même si l’autre médecin a eu tendance à prendre le leadership », a-t-il observé.
L’objectif de cette technique pédagogique, proposée par la société norvégienne Laerdal, semblerait donc avoir été atteint. « Par cette simulation, nous évaluons, certes, l’efficacité des gestes techniques, mais nous mesurons aussi la gestion émotionnelle de la situation et l’efficacité relationnelle au sein de l’équipe », explique Francis Chatôt, directeur général de Laerdal médical France, dont le siège est à Lyon. Cette session, réalisée sur un mannequin équipé des dernières technologies, a visiblement permis à l’équipe de s’approprier toutes les étapes du protocole de prise en charge, en adaptant sa démarche aux réactions physiques et physiologiques du mannequin/patient.
Sécurité.
Si, dans l’aéronautique, les séances de simulation de vol sont systématiquement intégrées dans la formation des pilotes, tel n’est pas encore le cas dans le secteur médical. En France, du moins, « car les pays nordiques l’ont intégré à la formation des professionnels de santé », affirme le DG de cette société. Il souligne par ailleurs que cette pédagogie correspond à une évolution logique. « Les patients acceptent de moins en moins que les médecins apprennent directement sur eux », argumente-t-il. Une petite dizaine de CHU français l’ont déjà adopté, comme ceux de Nice, Strasbourg, Angers ou Nancy, pour ne citer qu’eux.
Le matériel pédagogique revient à 60 000 euros pour une simulation telle que celle réalisée à Lyon et 1 million d’euros pour « un beau centre de simulation », indique Francis Chatôt. C’est donc un investissement non négligeable. Mais force est de constater que la simulation est devenue incontournable dans tous les domaines où la réalité était trop dangereuse, trop coûteuse, difficile à gérer…
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