Non, l'entrée en faculté de médecine ne sera pas une loterie.
Le rectorat de Paris et le ministère de l'Enseignement supérieur ont rétropédalé : les bacheliers d'Ile-de-France candidats aux études de médecine, même s'ils sont très nombreux, ne seront pas sélectionnés par la chance comme l'avait révélé « le Monde ». Thierry Mandon, secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur, a promis de « tout faire pour que le tirage au sort afin d'accéder en première année de médecine n'existe jamais. » « Il n'y a pas plus stupide comme moyen de sélection », a-t-il assuré à « Libération ».
Le tirage au sort était pourtant « plus qu'envisagé », affirme l'Association nationale des étudiants en médecine (ANEMF). « Le rectorat de Paris nous avait confirmé mercredi matin le tirage au sort des étudiants au-delà de la limite de capacité maximum d'accueil, soit 7 500 élèves en Ile-de-France », explique Rémi Patrice, responsable des études médicales à l'ANEMF. Or, 8 143 candidats sont inscrits en PACES cette année (et plus de 8 000 lycéens de terminale en région francilienne ont choisi cette voie en premier vœu sur le portail d'admission post-bac – APB).
Les carabins sont viscéralement opposés à cette hypothèse de tirage au sort qui instaurerait une « iniquité » selon les régions.
La médecine réservée aux seuls bacs généraux ?
La loi autorise aujourd'hui les universités à procéder à un tri aléatoire si le nombre de pré-inscriptions est trop important dans une filière. Cette mesure est monnaie courante en STAPS (Science et techniques des activités physiques et sportives). Elle n'a en revanche jamais été appliquée en médecine et ne le sera pas à la rentrée prochaine.
Mais qu'en sera-t-il à l'avenir, si l'engouement pour les études médicales se confirme ? « Chaque année, le nombre d'étudiants augmente. Plusieurs facs saturent, on arrive au point de rupture », souligne Rémi Patrice. Plus de 58 500 étudiants étaient inscrits en médecine l'an dernier, ce qui pose de nombreuses difficultés. À la dernière rentrée, par manque de places, 30 étudiants pré-inscrits en PACES à Paris-Descartes ont été répartis au sein d'autres UFR franciliennes.
La surcharge chronique de certaines facs de médecine conduit les doyens à s'interroger sur des critères de sélection à l'entrée. « Un prérequis devrait être exigé pour l'entrée en PACES lors de la pré-inscription, explique le Pr Jean-Luc Dubois-Randé, président de la conférence des doyens. La sélection est un tabou mais il serait bon de limiter l'accès à la PACES aux seuls titulaires des bacs généraux (S, L et ES). »
Cette idée avait été évoquée dans un récent rapport de l'IGAENR (ministère de l'Éducation nationale). L'Ordre a également réclamé un système de présélection avant l'année de PACES afin de limiter les taux d'échec.
À Lille, 3 400 inscrits en PACES !
Interrogé par « le Quotidien », le Pr Didier Gosset, doyen de Lille 2, explique avoir pris des dispositions pour gérer la plus importante promotion de PACES avec 3 400 inscrits. Les cours sont dédoublés et retransmis simultanément dans plusieurs amphis. Pour éviter la cohue, les carabins badgent à l'entrée de l'amphithéâtre qui leur est affecté et ont une place attitrée.
Le nombre de candidats autorisés à redoubler est limité à 2,5 fois le total des 4 numerus clausus (médecine, pharmacie, odontologie, maïeutique). Mais selon le doyen lillois, il serait plus simple de procéder à une présélection sur dossier en tenant compte du relevé de notes de terminale avec un entretien. Nos amis étrangers sont stupéfaits par notre façon de procéder, conclut le Pr Gosset. Rares sont les pays qui n'ont pas de sélection à l'entrée en médecine ». Les Pays-Bas procèdent chaque année… à une loterie.
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