Laisser le hasard présider aux destinées des étudiants, c'est ce qui aurait pu arriver aux futurs bacheliers inscrits à la première année commune aux études de santé (PACES) en Ile-de-France.
Dans son édition du 4 mai, le journal « Le Monde » révélait que le rectorat de Paris, en accord avec le ministère de l'Éducation nationale, procéderait à un tirage au sort des étudiants en médecine, trop nombreux, avant de faire machine arrière. Voulant couper court à la polémique, le rectorat de Paris a assuré le 5 mai que tous les bacheliers pourront « suivre les études de leur choix ». Par ailleurs, Thierry Mandon, secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur, a promis dans « Libération » de « tout faire pour que le tirage au sort pour accéder en première année de médecine n'existe jamais. »
Le tirage au sort très fréquent en STAPS
L'annonce a suscité une levée de boucliers de la part des étudiants et des doyens. Le recours au tirage au sort pour la PACES était « plus qu'envisagé », assure l'Association nationale des étudiants en médecine (ANEMF). Actuellement, 8 800 lycéens en terminale ont choisi PACES en premier vœu sur le portail d'admission post-bac (APB) en Ile-de-France. Un chiffre similaire à celui de l'an dernier. « Le rectorat de Paris nous a confirmé mercredi matin le tirage au sort des étudiants au-delà de la limite de capacité maximum d'accueil, soit 7 500 élèves en Ile-de-France », explique Rémi Patrice, responsable des études médicales à l'ANEMF. Les carabins sont opposés à une proposition qui instaurerait une « iniquité » entre les étudiants selon leurs régions.
La législation autorise les universités à procéder à un tri aléatoire si le nombre de pré-inscriptions est trop important dans une filière. Cette mesure est monnaie courante et pratiquée par deux tiers des universités en filière STAPS (Science et techniques des activités physiques et sportives), particulièrement prisée.
Le tirage au sort n'a en revanche jusqu'à présent jamais été appliqué en médecine.
30 élèves réorientés à Paris-Descartes en 2015
Si le tirage au sort est supprimé à la prochaine rentrée, qu'en sera-t-il à l'avenir ? « Chaque année le nombre d'étudiants augmente. Plusieurs facs saturent, on arrive au point de rupture », souligne Rémi Patrice.
En 2015, par manque de places, 30 étudiants pré-inscrits en PACES à la faculté de médecine de Paris-Descartes ont été dispatchés au sein des autres UFR franciliennes. L'ANEMF appelle les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur à intervenir.
« Il faut des innovations pédagogiques comme développer les cours en numérique pour désengorger les amphis ou délocaliser les salles de cours sur d'autres sites en périphérie de Paris », précise Rémi Patrice. L'ANEMF, s'oppose à l'instauration d'une sélection à l'entrée pour départager les postulants.
Les doyens réclament un « prérequis » à l'entrée en PACES
Les doyens rejettent aussi catégoriquement tout tirage au sort, « difficilement acceptable par la population sur le plan éthique et de l'égalité ». « Un tel dispositif éliminerait sans raison pédagogique et de façon arbitraire, des jeunes candidats dont la motivation et leur niveau de résultats n'auraient été correctement évalués par un jury », affirme la conférence des doyens présidée par le Pr Jean-Luc Dubois-Randé.
La conférence préconise, dans le cas présent, de répartir les candidats entre les sept facultés franciliennes et de réévaluer si nécessaire leurs capacités d'accueil : « Tout doit être mis en œuvre pour ne pas démotiver ces jeunes candidats ni favoriser leur départ vers d'autres universités européennes. »
La situation de surcharge de certaines facultés amène toutefois les doyens à s'interroger sur des critères de sélection aux études de médecine. « Un prérequis devrait être exigé pour l'entrée en PACES lors de l'inscription sur APB », affirme la conférence, sans donner plus de détails.
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