« Qu'est-ce qu'on veut ? Des médecins scolaires ! », « le droit à la santé, c'est vital, nous voulons des visites médicales ! ». Jeudi dernier, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), une cinquantaine de personnels de l'Éducation nationale et de parents d'élèves ont scandé ces slogans devant le tribunal administratif de la ville, en signe de protestation contre la pénurie de médecins scolaires dans le département, un des plus pauvres de France.
Selon la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), Sud-Education et la FSU, à l'origine de la manifestation, seuls 17 postes de médecins scolaires seraient occupés sur 49. Un chiffre différent de celui donné par le directeur académique, pour qui « la moitié des postes sont occupés » dans ce département.
Quoi qu’il en soit, les praticiens encore en poste sont débordés. Le Dr Pierette Clozier, 72 ans, retraitée depuis plusieurs années, est même revenue « par amour de son métier » pour voir des élèves un jour par semaine à Bagnolet, commune de l'est parisien. « Avant, nous étions deux médecins à temps plein, désormais il n'y a plus que moi sur la ville où il y a notamment un lycée polyvalent, deux collèges et plusieurs écoles élémentaires », soupire la médecin, membre du syndicat SMEDEN-FO.
Les salaires, nerf de la guerre
Conséquence de cette pnéurie médicale, seuls 10 % des enfants scolarisés dans le département passent la visite médicale des 6 ans. « On ne travaille plus que dans l'urgence, insiste le Dr Clozier. Il n'y a plus de prévention, nous arrivons dans une situation où les enfants ne sont plus dépistés à temps et peuvent se retrouver avec des problèmes de surdité, des troubles du comportement ou du langage. »
Dans d'autres villes, comme à Bobigny, les directeurs d'établissement renvoient les élèves vers les médecins de ville. « On m'a conseillé de dire aux parents d'élèves d'aller voir le pédiatre car il n'y a plus qu'un demi-poste de médecin ici, témoigne une directrice d'école primaire. Seulement une infirmière, en CE2, pour contrôler la vue des élèves… »
Ce département n'est pas le seul à être frappé par le manque de médecins scolaires, mais il subit aussi la désertification médicale dans d'autres spécialités. Depuis 2010, le 93 a ainsi perdu 10 % de ses généralistes… La FCPE et les syndicats d'enseignants demandent à l'État de « respecter ses obligations en la matière » et de pourvoir tous les postes de médecins de l'Éducation nationale.
Mais difficile de recruter lorsque les candidats sont si peu nombreux. « Les internes sont très intéressés par nos missions, précise le Dr Pierrette Clozier. Mais ils ne passent pas le concours car les salaires sont ridicules par rapport au reste de la profession, c'est l'argent le nerf de la guerre ! »
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