Au Bayern de Munich, le Dr Muller-Wohlfahrt, médecin historique du club, en conflit ouvert avec l’entraîneur, vient de démissionner avec pertes et fracas ; il avait été au cœur d’une polémique avec l’encadrement médical de l’équipe de France concernant Ribéry, avant le Mondial 2014, après son traitement d’une lombalgie par des injections de corticoïdes. En dernier lieu, le coach du Bayern l’a rendu responsable de la défaite en quart de finale de la Ligue des champions, l’état de santé des stars du Bayern créant une pomme de discorde récurrente entre les dirigeants et le médecin.
Au Real de Madrid, autre club phare, c’est encore un médecin, le Croate Boris Nemec qui est mis en cause pour avoir fait jouer le milieu Luka Modric contre la Norvège, après quatre mois d’absence pour une blessure à la cuisse. Victime d’une entorse du genou, le joueur sera forfait à un moment clé de la finale de la Ligue, à cause, selon le coach Carlo Ancelotti, du médecin qu’il traite devant la presse d’« extraterrestre ».
Médecin de la fédération française de football, le Pr Rochcongar, sans se prononcer sur tel ou tel de ces dossiers, confirme que, « dans des contextes souvent tendus, les médecins doivent rester vigilants dans les clubs pour que l’éthique l’emporte sur d’éventuels conflits d’intérêts ». « Quand il s’agit de statuer sur l’aptitude, c’est au médecin et à lui seul de décider, l’entraîneur n’a pas son mot à dire, insiste le Dr Calmat. Et si les polémiques éclatent, c’est souvent, accuse-t-il, la faute au monde médical qui ne reconnaît pas suffisamment la légitimité des médecins face au pouvoir sportif. Il faut se mettre au travail pour que la spécialité soit enfin officiellement reconnue et cela passe aussi par la mobilisation de ses propres instances, comme les sociétés savantes ; des conférences de consensus doivent statuer sur les préconisations médicales, et en finir avec des ambiguïtés qui subsistent, par exemple, autour de la commotion cérébrale. »
Enjeu de santé publique
Le football n’est pas la seule discipline où éclatent les affaires. Dans le haut niveau, structuré autour de la production de la performance, avec des enjeux financiers et parfois politiques importants, l’autonomie du médecin du sport est souvent problématique. Et le dopage continue de défrayer la chronique, comme le confirme la biographie sulfureuse du nageur Amaury Leveaux, qui révèle que la cocaïne est largement utilisée comme substance dopante par les stars de la natation française. Parfois, le médecin est mis en cause, comme dans le cas du nageur sud-coréen Park, champion olympique du 400 m contrôlé positif à la testostérone. « Dans le rugby aussi, constate le Dr Jean-Pierre de Mondenard, le phénomène est prégnant, pour augmenter les performances lors des séances de musculation et d’entraînement, 48 h ou 72 h avant les matchs. » « Dans ces dossiers comme le syndrome de surentraînement, les médecins sont souvent mis sur la sellette par les entraîneurs, affirme le Pr Michel Rieu, ex-conseiller scientifique de l’AFLD (Agence française de lutte contre le dopage), leur indépendance est menacée alors que les instances de contrôle ont tendance à perdre en pugnacité. Le temps des task-forces françaises, à la grande époque de la loi Buffet, semble révolu. Aujourd’hui, le mot d’ordre, c’est "Pas de vague". Et la candidature française aux JO n’arrange rien. »
« On a dit que c’était la loi anti-dopage dite loi Buffet qui avait fait rater la candidature de Paris au profit de Pékin, pour les Jeux de 2008, reconnaît le Dr Calmat. Aujourd’hui, pour gagner la lutte contre le dopage, en finir avec les conflits entre médecins et entraîneurs et sortir la médecine du sport de l’ornière, il est urgent de faire se parler les médecins et le milieu sportif. C’est l’objectif des comités sport et santé, créés au sein de chaque fédération sous l’égide du CNOSF, de faire se rencontrer ces deux mondes. Tous les acteurs doivent se mobiliser, des sociétés savantes à l’Académie de médecine, des ministères aux dirigeants sportifs. Du sport amateur au haut niveau, la reconnaissance du sport santé et celle des médecins du sport est un enjeu de santé publique. »
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