Gérard Bernheim (Seine-et-Marne) : « Avec 10 étudiants par an, on va remonter la pente »

Publié le 17/02/2010
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LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN – En 2009, le conseil général de Seine-et-Marne a décidé d’instaurer un système de bourses contre d’années d’exercice dans le département. Pourquoi

 ?

GÉRARD BERNHEIM – La santé n’est pas dans les compétences du conseil général. En revanche, l’accès à la santé est un souci majeur pour tous les habitants de Seine-et-Marne. Le conseil général a travaillé avec la mission régionale de santé afin d’établir un état des lieux qui a montré que notre département est très déficitaire en matière de présence médicale. Nous avons des zones paupérisées au nord et au sud. Il y a un an, on s’est donc réunis avec l’Ordre, l’Union régionale des médecins libéraux, l’ARH, la CPAM, la Fédération hospitalière de France, les étudiants en médecine. On a constitué un groupe de travail qui a décidé plusieurs actions concrètes dont l’octroi de bourses aux étudiants de troisième cycle de médecine. On a fait de la publicité à la dernière rentrée dans les facultés en précisant le dispositif : un étudiant de troisième cycle peut bénéficier d’une bourse de 1 000 euros par mois jusqu’à son diplôme. Au terme de ses études, on lui demande de consacrer cinq années au département de Seine-et-Marne, plutôt dans les secteurs déficitaires.

Quel a été l’accueil des étudiants ?

On a eu une réponse immédiate significative. On ne s’attendait pas à autant de candidatures, huit étudiants d’un seul coup… Dès novembre-décembre, j’ai reçu ces huit jeunes qui veulent tous faire de la médecine générale en milieu rural. Les élèves en question ne sont pas gênés de commencer leur exercice dans les secteurs ruraux, y compris dans des zones très déficitaires ou en tout cas fragiles. Leur engagement a été formalisé par contrat. Ce premier bilan nous conforte. Le discours de ces étudiants est rafraîchissant car on s’aperçoit que ce mode d’exercice qui semblait fui par les jeunes ne l’est pas toujours. Encore faut-il les rassurer. Car la situation de notre département n’est pas simple : les jeunes préfèrent aller sur Paris, nous sommes dépourvus de CHU, ce qui est un obstacle…

L’allocation est-elle le seul motif d’engagement ou avez-vous d’autres arguments ?

En fait, on discute d’un ensemble de conditions. Il n’est pas question de laisser les gens seuls dans la nature ! On essaiera de favoriser les regroupements, on va les aider à trouver un logement, on a parlé de coaching à l’installation, d’une aide à la recherche d’emploi du conjoint, de la garde des enfants… sur tous ces points, on a pris l’engagement d’être à côté d’eux. Il n’y a pas que la bourse.

Quel est votre objectif ?

Si on continue sur ces bases, avec huit à dix étudiants qui s’engagent chaque année, petit à petit on va remonter la pente. Je précise que si on trouve des spécialistes, des psychiatres par exemple, on les prendra immédiatement ! Pour l’instant, l’allocation est réservée aux étudiants de troisième cycle car les finances du département ne sont pas un puits sans fond…

 PROPOS RECUEILLIS PAR CYRILLE DUPUIS

Source : Le Quotidien du Médecin: 8711