Pas la première fois sur le patient

Grâce au tutorat, les carabins de Nice goûtent à la simulation

Publié le 27/04/2015
Article réservé aux abonnés

Le tutorat en médecine implique que les jeunes étudiants soient accompagnés par leurs camarades plus expérimentés. Mais à la faculté de Nice, un troisième larron a été introduit cette année : un mannequin haute-fidélité.

L’UFR a ouvert son centre de simulation médicale, inauguré en 2008, à ses étudiants dès la 2e année. « L’idée n’est pas de leur apporter l’expérience mais de leur apprendre le raisonnement clinique », explique le Pr Jean-Paul Fournier, responsable du département de pédagogie médicale de la faculté de Nice. Pour cet enseignant, il est important que les élèves puissent, très tôt dans leur formation, faire le lien entre leurs connaissances théoriques et les différents signes qu’ils observent sur le mannequin.

Permettre aux jeunes carabins l’apprentissage grâce à la simulation médicale constitue une innovation pédagogique unique en France selon Robin Jouan, externe niçois en charge du projet. « D’habitude, le centre de simulation n’est utilisé que par les internes, ou les médecins qui suivent un DU et un DIU », explique-t-il. Le nombre de professeurs formés à la simulation est limité, et faire passer une seule séance à une promotion de 150 étudiants, à raison de 10 par séance, les immobiliserait pendant 30 heures.

Dans le feu de l’action

« Le tutorat permet de démultiplier les enseignants », enchérit le Pr Fournier. En quelques semaines, les 150 étudiants de 2e année pourront participer à deux séances. Leurs camarades de 3e année, tout aussi nombreux, auront quant à eux eu droit à quatre confrontations avec les mannequins. La participation n’est pas obligatoire, mais tous viennent, assure Robin Jouan.

Les tuteurs préparent un scénario longuement discuté et testé avec les professeurs. Les étudiants découvrent ensuite le patient-mannequin dans le centre de simulation. Ils doivent le prendre en charge et peuvent lui parler, demander des examens complémentaires… De nombreuses spécialités sont abordées pendant les simulations comme la cardiologie, la pneumologie, la neurologie, la gastro-entérologie. À la fin de la séance, un débriefing est organisé sur le cas et sur la pathologie.

L’expérience est riche en enseignements... et en sensations. « On est vraiment dans un état de stress, dans le feu de l’action », raconte Rita Luciani, en 2e année, qui a participé à une séance en pneumologie et une autre en cardiologie. Malgré la tension, l’étudiante a été rassurée : « cette pratique nous conforte sur le fait qu’on connaît nos cours ».

Les plus jeunes ne sont pas seuls à apprendre lors de ces séances. Les tuteurs apprécient également. Reste une question : le tutorat en simulation permet-il d’apprendre plus vite et mieux ? Une étude est en cours, indique le Pr Fournier.

Adrien Renaud

Source : Le Quotidien du Médecin: 9407