« Hier j’étais infirmière, demain je serai médecin », le pari réussi d'une étudiante audacieuse

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Publié le 23/06/2018
claire scheffler cambodge

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Crédit photo : Claire Scheffler

Claire Scheffler devait être infirmière. Il y a un an, en juillet 2017, elle obtient son diplôme après trois ans d’études. Mais la jeune femme, qui aura 22 ans cette année, ne voulait pas passer à côté d’une vocation : devenir médecin. Malgré les appréhensions de ses proches, elle intègre la PACES à l’université de Strasbourg au mois de septembre 2017. Un an après, à force de persévérance, elle est reçue en deuxième année de médecine, sans être passée par une prépa privée, et poursuit son rêve de devenir chirurgien.

« LE QUOTIDIEN » : Comment passe-t-on de l’école infirmière à la PACES ?
CLAIRE SCHEFFLER : Je suis attirée par le médical et la santé depuis le collège. Au début, je ne savais pas vraiment vers quoi m’orienter. Puis la médecine s’est vite imposée. J’ai réalisé que c’est ça qui m’intéressait. Mais je n’étais pas une grande bosseuse ! J’ai eu mon Bac scientifique avec tout juste 12 de moyenne. À ce moment-là, j’avais quand même la PACES en tête. Mais mes parents, très lucides, m’ont fait comprendre que si je prenais cette filière, ce serait une année de gâchée, que je fonçais dans le mur. J’avais une sœur infirmière. Je me suis dit que ça me permettrait de rester dans le médical et d’oublier mes ambitions pour la médecine. Alors j’y suis allée.

Qu’est ce qui vous a fait changer d’avis après trois ans d’études ?
Côtoyer l’hôpital, les médecins, les internes… Ça m’a donné encore plus envie de faire médecine ! Et puis je me trouvais trop jeune pour entrer dans le monde du travail. À 21 ans, je ne me sentais pas du tout capable d’assumer les responsabilités qui incombent aux infirmiers. J’avais envie de poursuivre des études, de ne pas me limiter à ce que j’avais appris à l’école. Et j’avais surtout peur de regretter de ne pas avoir tenté de réaliser mon rêve. Alors en troisième année, au mois de janvier, avant même d’avoir mon diplôme, je me suis inscrite en PACES sur APB.

La PACES est réputée très difficile. Pourtant, vous avez réussi sans suivre de prépa privée. Comment avez-vous vécu cette année ?
Étonnamment, ça s’est très bien passé. Forcément, en cours d’année, il y a quelques coups de mou, de stress. Je n’avais plus fait de maths et de physique depuis trois ans. Ça n’a pas été simple de s’y remettre. Mais les années que j’avais passées à l’école infirmière m’avaient permis de gagner en maturité, de prendre du recul pour passer les périodes difficiles. Je me suis accrochée à mon objectif final et ça a marché. Et puis j’étais bien entourée. J’ai rencontré des étudiantes en PACES qui m’ont aidée, mes amis infirmiers qui étaient derrière moi et surtout, j’ai eu un énorme soutien de la part de ma famille. C’est hyper important !

Vos parents ont cru en vous ?
Ils n’ont pas tenté de me dissuader de m’inscrire en PACES. Mais après coup, ils m’ont avoué que personne dans la famille ne pensait que j’allais réussir !

Qu’est-ce qui vous séduit dans la médecine ? Quelle spécialité aimeriez-vous exercer ?
Le côté social est très important pour moi. Le fait de pouvoir apporter une aide directe aux gens de manière concrète et immédiate. J’ai besoin de sentir que je suis utile. Plus tard, j’aimerais bien exercer dans l’humanitaire. Durant mes études, j’ai eu l’occasion de partir en stage pendant 9 mois au Cambodge. C’est quelque chose qui me tient à cœur et que j’aimerais continuer en médecine. Aujourd’hui, c’est la chirurgie cardiaque qui m’attire le plus. Mais je sais que j’aurai peut-être l’occasion de changer d’avis pendant mon cursus.

Un conseil aux étudiants qui envisagent de suivre la PACES ?
C’est surtout de croire en soi. C’est bateau de le dire, mais c’est essentiel. En PACES, on est clairement tout seul, même si on a du soutien autour de soi. Quand on passe le concours, on est seul devant sa feuille. Il faut absolument croire en ses capacités. Ne pas se dire lorsqu’on rencontre une difficulté, "je n’y arrive pas, je n’y arriverai jamais”, et se décourager. Si tu n’y arrives pas aujourd’hui, tu y arriveras un peu plus la semaine suivante, etc. Il faut avoir de la persévérance et toujours avoir en tête l’objectif final. C’est ça qui fait avancer. La motivation, c’est 70 % du succès.


Source : lequotidiendumedecin.fr