Le développement de la ville de Montpellier est intimement lié à la réputation de sa faculté de médecine. À l'heure de fêter ses 800 ans – la faculté soufflera officiellement ses bougies le 17 août prochain –, son doyen le Pr Michel Mondain a décidé de ponctuer l’année 2020 d’une série de manifestations qui rendent hommage au passé tout en projetant l’enseignement médical vers l’avenir*.
Entre autres réjouissances sont programmées des expositions mettant en valeur le fonds de la bibliothèque, qui abrite notamment des pages originales de dissections de Gui de Chauliac, père de la chirurgie médicale, et des ouvrages de médecine remontant à la période médiévale. Ainsi, la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes se trouve être la première à avoir traduit des ouvrages de médecine arabe grâce à la présence, dès le Moyen-Âge, d'une importante communauté juive en ville. Un caractère avant-gardiste que l’établissement mêle à une forme d’élitisme puisqu’il reste le plus sélectif de France.
Des humanités à l'IA
L’accueil de la conférence nationale des doyens des facultés de médecine ainsi que celui de l’Académie de chirurgie sont également prévus. Un colloque (4 septembre 2020) rassemblant les plus grands éditeurs de revues scientifiques et médicales – New England Journal of Medicine, JAMA, Lancet, British Medical Journal, Nature, Science – autour des thèmes de « la médecine d’excellence » ou de « l’intégrité scientifique » est aussi au menu en complément de forums plus grand public dédiés par exemple à l’enseignement de la médecine « des humanités à l’intelligence artificielle » (3 décembre).
Adossés à la cathédrale Saint-Pierre, les murs historiques de la faculté de médecine continuent d’accueillir les étudiants de première et deuxième année avant qu’ils ne rejoignent les locaux neufs (inaugurés en 2017) situés à proximité immédiate du CHU. Impressionnante, l'historique salle des actes où les étudiants prêtent encore aujourd'hui le serment d'Hippocrate constitue à elle seule une pièce de musée où sont accrochés les portraits peints des précédents doyens. « Regardez bien le portrait de mon prédécesseur ayant célébré le 600e anniversaire... il se tient la tête dans les mains (ce qui est vrai, NDLR) », plaisante le Pr Mondain.
Rabelais, Chaptal, Rondelet... diplômés illustres
Dans cette même salle, on trouve un buste en bronze d'Hippocrate. Volé au pape par le général Bonaparte, il fut donné à la faculté par le futur empereur et roi de Rome. Pour perpétuer cette histoire, le maire de Montpellier Philippe Saurel (DVG) a même invité le pape François à venir dans sa ville pour ces 800 ans. Il faut préciser que les diplômes de médecin étaient – jusqu'à la Révolution de 1789 – signés par l'Eglise.
Singulière, la fac de Montpellier-Nîmes le demeure à bien des égards. Elle a donné à la médecine de prestigieux diplômés au cours de son extraordinaire longévité. Ainsi, des noms illustres ont usé leurs fonds de culotte sur ses bancs. Nostradamus, Rabelais, Chaptal (qui donnera son nom à la chaptalisation), Gui de Chauliac, Rondelet (père de la nomenclature binominale scientifique) ou encore l'urologue Etienne Bouisson ont prêté serment ici. La métropole de Montpellier leur rendra hommage en habillant de leurs portraits la carrosserie de certains tramways tout au long de 2020...
Sur le plan organisationnel, cette faculté reste la seule à laquelle sont rattachés deux CHU, aux directions et budgets distincts : Montpellier et Nîmes. Côté politique enfin, la faculté a formé de nombreux élus, à l’instar du Pr Jean-François Eliaou, député (LREM) et rapporteur de la dernière loi bioéthique ou du Dr Hélène Mandroux, médecin généraliste et première femme élue maire de Montpellier en 2004.
*Programme complet : https://facmedecine.umontpellier.fr/tag/800-ans/
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