Les mille généralistes enseignants et internes attendus lors du prochain congrès du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), qui se tiendra à Lille du 26 au 28 novembre, fêteront les dix ans du diplôme d’études spécialisées (DES) de leur spécialité. Avec l’internat pour tous, la médecine générale a creusé son sillon à l’université mais peine à gagner ses galons de titulaire malgré les engagements des gouvernements successifs.
En 2009, Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, avait promis le recrutement chaque année pendant 4 ans de 20 enseignants titulaires, 30 associés et 50 chefs de clinique de médecine générale. Mais ces belles paroles n’ont pas été suivies d’effet. Les généralistes enseignants ne forment aujourd’hui qu’une petite équipe au sein de l’université: 47 professeurs titulaires, 200 associés (à mi-temps) encadrent la formation d’environ 15 000 internes et la discipline ne compte que 93 chefs de clinique. « Les internes de médecine générale constituent la moitié des internes rentrant en DES, toutes spécialités confondues, mais les titulaires de médecine générale représentent 1 % des titulaires universitaires de France », observe le CNGE.
Le ratio est d’un enseignant à temps plein pour 102 internes de médecine générale quand ils sont un enseignant pour 20 internes dans les autres spécialités.
Malgré ce maigre effectif, le président du CNGE, le Pr Vincent Renard, mesure le chemin parcouru. « Depuis les premières nominations de professeurs titulaires, il y a 5 ans, la situation de la médecine générale a changé dans l’université », positive-t-il.
Le boom de la maîtrise de stage
Si elle peine à s’imposer à l’université, la spécialité a considérablement renforcé sa formation initiale dans les cabinets de médecine générale. Le nombre de maîtres de stage s’est envolé ces dernières années, passant de 3 500 en 2006 à 8 000 cette année. Les départements de médecine générale ont mis les bouchées doubles pour recruter. Au-delà de l’appétence des généralistes pour l’enseignement et de l’indemnité allouée aux maîtres de stage (600 euros pour un interne à temps plein, 300 euros pour un étudiant présent à mi-temps), les généralistes s’engagent souvent pour trouver un remplaçant pendant les vacances ou pour leur succéder en fin de carrière. « Il faudrait 2 000 maîtres de stage de plus pour permettre à tous les internes de réaliser leur stage autonome en soins primaires ambulatoires supervisé (SASPAS) », affirme le Pr Renard.
En sous-effectif chronique, la médecine générale ne parvient pas à valider toutes les thèses de la spécialité. « 4 000 internes attendent de passer leur thèse », souligne le Pr Renard. La grande majorité des internes de la spécialité mettent 4 ans à valider leur DES. Pour le président du CNGE, la logique voudrait que la durée du diplôme d’études spécialisées de médecine générale passe de 3 à 4 ans. Mais les internes ne l’entendent pas de cette oreille. Selon une récente enquête de l’Intersyndicale des internes de la spécialité (ISNAR-IMG), qui recueilli 1 750 réponses, 55 % d’entre eux sont opposés à la création d’une 4e année d’internat.
Longtemps dénigrée, la médecine générale est davantage choisie par vocation par les internes, salue le Dr Matthieu Calafiore, président du Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG). « Certains refusent même la médecine générale car la spécialité est jugée trop complexe, c’est un discours que l’on n’entendait pas il y a quelques années. »
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