Études de médecine

La réforme de la PACES préoccupe la Cour des comptes

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Publié le 05/05/2023
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Avec un taux de réussite en deuxième année de médecine variant entre 22 et 52 % selon les voies d'accès, la mise en œuvre de la réforme des études de santé par l'Université Paris-Est Créteil montre de premiers résultats « préoccupants » , selon la Cour des comptes.
La Cour des comptes s’est penchée sur l’université de Paris Est-Créteil

La Cour des comptes s’est penchée sur l’université de Paris Est-Créteil
Crédit photo : phanie

Qualifiée de « désastre » par de nombreux étudiants, la réforme du premier cycle des études de médecine interroge jusqu’à la rue Cambon. Fin mars, la Cour des comptes s’est penchée plus spécialement sur la mise en œuvre de cette réforme instaurée à la rentrée 2020 – qui a fait disparaître la PACES au profit de deux parcours spécifiques PASS et L.AS – à l’Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne (UPEC). Et son constat est sans appel : la situation « est préoccupante » à Créteil, avec un « taux d’échec très élevé » des jeunes qui veulent faire médecine.

En effet, alors que les études de santé sont un « marqueur identitaire » pour l’UPEC, rappelle la Cour des comptes, dès le début, l’université a fait le choix de ne créer qu’une seule filière d’accès en médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie (MMOP) : les licences accès santé (L.AS). À la rentrée 2021, 1 080 étudiants s’étaient inscrits dans la L.AS santé de l’UPEC – essentiellement axée sur la santé par définition – et 389 dans la quinzaine d’autres L.AS disciplinaires, c’est-à-dire orientées vers le droit, l’économie ou les sciences politiques, par exemple, avec simplement une mineure santé.

Un taux d'échec qui interroge

De plus, l’université de Créteil a fait le choix de former un nombre de futurs médecins supérieur aux recommandations ministérielles. En accord avec l’agence régionale de santé (ARS), sur la période 2021-2025, l’UPEC s’est donné pour cible la formation de 1 283 carabins. Plus que les 1 150 définis par le ministère de la Santé. « Le nombre de places offertes en deuxième année de médecine est passé de 175 avant la réforme à 280 en 2021, soit une augmentation de près de 40 % », indique le rapport de la Cour des comptes.

Mais ces objectifs de formation ambitieux, combinés à un nombre d'inscrits très important, ont laissé beaucoup d'étudiants sur le carreau. La Cour des comptes pointe ainsi un taux d’échec très élevé, notamment pour les étudiants ayant embrassé la L.AS santé. Sur les 627 candidats à une MMOP pour l’année 2021/2022, seuls 137 ont pu accéder en médecine, soit 22 % d’entre eux. Ce chiffre « interroge sur la diminution du taux d’échec en médecine que vise la réforme », souligne la Cour des comptes. Pour rappel, en 2019, Agnès Buzyn alors ministre de la Santé promettait que cette nouvelle modalité d'entrée dans les études de santé mettrait fin à la « boucherie » de la PACES.

Plus troublant, les juniors inscrits en L.AS disciplinaires – qui étudient donc majoritairement le droit, les sciences et technologies, les sciences sociales par exemple – ont statistiquement plus de chances d’être admis en deuxième année de médecine. Ainsi, sur les 79 candidats à une MMOP inscrits en L.AS disciplinaire à l'UPEC, 41 ont pu être admis en médecine, soit un taux de réussite de 52 %. Deux fois plus qu’en L.AS santé.

Une diversification des profils « contrastée »

Le résultat de la seconde grande promesse de la réforme des études de médecine, à savoir obtenir une plus grande diversité de profils des futurs médecins, semble donc « contrasté » à Créteil, pour la rue Cambon. Si d’un côté les places reviennent davantage aux étudiants ayant suivi une licence santé – « 76 % des étudiants souhaitant intégrer la filière médecine se trouvent au sein de la LAS santé », note la Cour – leur taux de réussite est plus bas. « Cette situation doit conduire l’UPEC à s’interroger sur les dispositifs d’accompagnement mis en place pour ces étudiants, sur la cohérence entre la capacité d’accueil en L.AS santé sur Parcoursup au regard du nombre de places en médecine défini dans le numerus apertus, afin de renforcer le taux de réussite », souligne la Cour des comptes.

De son côté, le ministère l’Enseignement supérieur a promis à plusieurs reprises la publication d’un bilan sur la réforme du premier cycle. Un document qui se fait attendre depuis près d’un an.

Léa Galanopoulo

Source : Le Quotidien du médecin